Crise à Harare : que se cache-t-il derrière le sommet de la SADC ?


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Le 44e sommet de la SADC à Harare devient un miroir des tensions régionales, alors que le Zimbabwe fait face à des critiques pour répression politique.

Le 17 août, Harare, capitale du Zimbabwe, a accueilli le 44e sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Ce rassemblement, pourtant vital pour la coopération régionale, se déroule dans un contexte alarmant. Depuis plusieurs mois, le Zimbabwe est le théâtre d’une répression politique accrue, marquée par des arrestations massives de militants des droits humains. Amnesty International et Human Rights Watch rapportent que plus de 160 activistes ont été arrêtés depuis juin, certains subissant même des disparitions forcées et des actes de torture.

Un dialogue national absent et une communauté internationale silencieuse

Malgré les appels de la société civile et des Nations Unies pour un changement de lieu, la SADC a décidé de maintenir le sommet à Harare, une décision qui soulève des questions sur la légitimité des processus démocratiques dans la région. Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, accusé de réprimer toute opposition, devrait même prendre la présidence tournante de la SADC, illustrant le manque de pression diplomatique sur son administration.

En parallèle à la répression politique, le Zimbabwe et la région de la SADC font face à une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. La sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Niño affecte plus de 60 millions de personnes. Dans ce contexte, les droits des femmes sont particulièrement menacés. Tayiona Sanangurai, membre de l’ONG ActionAid, met en garde contre l’augmentation des violences et des mariages forcés, conséquence directe de l’insécurité alimentaire croissante.

Mpox : Une menace sanitaire ignorée ?

Le sommet de la SADC devait également aborder la question du Mpox, une épidémie qui inquiète de plus en plus l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La RDC, membre de la SADC, enregistre plus de 90% des cas de Mpox à l’échelle mondiale, et une nouvelle souche potentiellement plus contagieuse a été identifiée. Malgré la gravité de la situation, les préoccupations sanitaires risquent de passer au second plan face aux défis politiques et humanitaires que traverse la région.

Pour le sommet, Harare a connu quelques réaménagement. On y découvre des routes réhabilitées, des palmiers plantés, des promesses d’une alimentation électrique et en eau ininterrompue pour les délégués. Ces efforts contrastent avec la réalité quotidienne des Zimbabwéens, souvent confrontés à des coupures d’eau et d’électricité. Cette façade ne suffit pas à masquer les véritables enjeux que les dirigeants de la SADC semblent éviter, préférant contourner les sujets difficiles plutôt que de les affronter.

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