Les combats entre les forces gouvernementales éthiopiennes et les dirigeants rebelles du nord pourraient devenir incontrôlables et des crimes de guerre pourraient avoir été commis, ont déclaré les Nations Unies, hier vendredi, alors que les répercussions se propagent dans la Corne de l’Afrique, instable.
Le conflit de 10 jours, dans la région du Tigré, a fait des centaines de victimes, contraignant des populations à aller se réfugier au Soudan. De nombreux observateurs craignent que ce conflit n’entraîne l’Éthiopie et sa mosaïque d’ethnies dans une guerre communautaire. Les tensions communautaires étant récurrentes entre communautés amhara et tigréenne.
La situation peut également ternir la réputation du Premier ministre Abiy Ahmed, qui a remporté le prix Nobel de la paix pour un pacte de paix de 2018 avec l’Érythrée et qui avait été applaudi pour avoir relancé l’économie éthiopienne et assoupli un système politique répressif. « Il y a un risque que cette situation devienne totalement incontrôlable, entraînant de lourdes pertes et destructions, ainsi que des déplacements massifs en Éthiopie elle-même et à travers les frontières », a déclaré la cheffe des droits de l’Homme à l’ONU, Michelle Bachelet, via un porte-parole.
Un massacre de civils rapporté par Amnesty International, s’il est confirmé comme étant commis par une partie au conflit, équivaudrait à des crimes de guerre, a-t-elle ajouté. Le plus haut diplomate du département d’État américain pour l’Afrique a dénoncé, vendredi, le meurtre de civils dans le conflit. « Nous condamnons le massacre de civils à Mai-Kadra et demandons instamment des mesures immédiates pour désamorcer et mettre fin au conflit, dans toute la région du Tigré. Il est essentiel que la paix soit rétablie et que les civils soient protégés », a tweeté Tibor Nagy.
Le Premier ministre Abiy Ahmed accuse le Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui dirige la région montagneuse de plus de 5 millions d’habitants, de trahison et de terrorisme. Les troupes fédérales affirment que le TPLF s’est soulevé contre eux, la semaine dernière, mais qu’ils ont, depuis, survécu à un siège et repris l’Ouest de la région. Avec la coupure des communications et l’interdiction des médias, il n’y a pas eu de confirmation indépendante de l’état des combats.
Le TPLF affirme que le gouvernement d’Abiy Ahmed a systématiquement persécuté les Tigréens, depuis son arrivée au pouvoir, en avril 2018, et qualifie les opérations militaires d’« invasion ». Les troupes fédérales mènent des raids aériens et il y a des combats sur le terrain, depuis mercredi de la semaine dernière.
Toutefois, l’Éthiopie a nié une allégation du TPLF selon laquelle des bombardements des fédéraux avaient détruit un barrage hydroélectrique.