Le Bureau international du travail organise, du 24 au 27 avril, a Addis-Abeba, sa onzième Réunion régionale africaine. Lors des échanges, gouvernements, employeurs et travailleurs vont tenter de trouver des solutions pour créer des emplois décents et réduire la pauvreté.
De notre envoyée spéciale a Addis-Abeba
L’Afrique jouit, depuis trois ans, de la reprise de sa croissance économique. Problème : « la croissance économique ne génère pas automatiquement des emplois en nombre suffisant, et la création d’emplois ne garantit pas une réduction de la pauvreté », explique le directeur général du Bureau international du travail (BIT), Juan Somavia, dans son rapport L’Agenda du travail décent en Afrique 2007-2015. C’est notamment pour renverser cette tendance que le BIT consacre sa onzième Réunion régionale africaine au travail décent sur le continent africain.
Du 24 au 27 avril, à Addis-Abeba (Ethiopie), des chefs d’Etat, des représentants de gouvernement, des employeurs et des travailleurs de 53 pays africains échangeront afin de trouver des solutions. L’équation n’est pas simple. Selon deux nouvelles études du BIT, la population active ne cesse de grimper mais le pourcentage de chômeurs (estimé a 10,3%, contre 6,3% au niveau mondial en 2006) et de travailleurs pauvres va lui aussi croissant. Conclusion : l’Afrique ne crée pas assez d’emplois pour absorber la masse d’employés potentiels et permet trop peu à ceux qui ont integré le marché de vivre décemment – sans parler de subvenir aux besoins de leur famille.
Importants défis
Pour changer la donne, l’Afrique devra notamment s’attaquer à l’emploi des femmes, qui restent cantonnées au secteur de l’agriculture vivrière, et des jeunes, qui ont jusqu’à trois fois moins de chances de trouver un emploi par rapport au plus de 25 ans. Il faudra également organiser le secteur informel, « transformer les économies rurales en vue de réduire le sous-emploi et la pauvreté (…) et favoriser l’investissement dans le secteur privé en vue de créer plus d’emplois », souligne L’Agenda du travail décent en Afrique 2007-2015.
Il s’agira par ailleurs de mieux gérer les 16 millions d’employés porteurs du VIH/sida et de poursuivre la lutte contre le travail des enfants. Car si la proportion des travailleurs âgés entre 5 et 14 ans a « diminué de 29 a 26 pour cent entre 2000 et 2004, on estime que leur nombre réel a augmenté de 48 a 49,3 millions au cours de la même période, eu égard à la croissance démographique », indique un communiqué du BIT.
Dans le cadre de l’accomplissement du premier Objectif pour le millénaire, réduire l’extrême pauvreté d’ici 2015, le BIT met en lumière quelques mesures pour « faire du travail décent une réalité en Afrique » : «Assurer une croissance économique qui favorise le plein emploi ; garantir le maintien et le respect effectif des droits au travail ; étendre la couverture et améliorer la qualité de la protection sociale ; promouvoir la bonne gouvernance en même temps que le dialogue social », énumère le communiqué du BIT. Il y a du pain sur la planche.