Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a été inauguré, samedi, à l’Assemblée nationale. Plus d’une soixantaine d’associations sont fédérées sous la présidence du conseiller national de l’Union pour la démocratie française Patrick Lozès pour lutter contre « les discriminations ethno-raciales ».
Par Mourad Ouasti
Aux couleurs de la France. L’inauguration du Conseil représentatif des associations noires (Cran), samedi à l’Assemblée nationale de France, se voulait un moment de solidarité. Le Cran, qui unit diverses horizons politiques, a pour but d’œuvrer pour que les Noirs marginalisés participent à la cohésion sociale. « Il y en a assez que cette situation de marginalisation ne soit évoquée que quand il se produit un drame », explique Patrick Lozès, président de la nouvelle structure et conseiller national de l’Union pour la démocratie française (centre-droit). Contrairement à ce que l’on serait tenté de penser, les récentes émeutes de banlieues ne sont pas à l’origine du Cran. L’idée est née pendant un colloque organisé le 19 février dernier dans le grand amphithéâtre de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Scepticisme et interrogation
Plusieurs personnalités étaient à la tribune, samedi, dont l’ex-porte-parole des Verts Stéphane Pocrain, le chanteur camerounais Manu Dibango, l’ancien président de SOS Racisme Fodé Sylla et la journaliste d’Africa numéro 1 Eugénie Diecky, seule figure féminine. « Le Cran se positionne dans le combat contre les discriminations ethno-raciales et pour le devoir de mémoire », souligne le président du Cran, également à la tête du Cercle d’action pour la promotion de la diversité en France. Les objectifs du Cran sont d’interpeller les pouvoirs publics, les corps constitués, les partis politiques, les syndicats. « On va discuter avec le Medef (patronat français, ndlr) sur la question de la diversité dans l’entreprise », a indiqué Stéphane Pocrain à l’agence Reuters. Les promoteurs du Conseil représentatif des associations noires ne cachent pas leurs ambitions : ils veulent devenir des interlocuteurs institutionnels.
Il faut attendre de voir quelles seront les actions menées par le Cran et quelles en seront les résultats. Mouloud Aounit, secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), explique : « Le combat pour la liberté et l’égalité est indissociable de l’universalité du droit. Il y a un immense danger, celui qu’une revendication légitime soit confinée dans un enfermement communautaire ». Il évoque par ailleurs sa crainte de voir chaque communauté créer sa propre structure antiraciste et de voir ainsi les efforts d’un combat universaliste tomber à l’eau. Faisant part d’un sentiment personnel, Mouloud Aounit conclut : « Les gens peuvent craindre que cette fédération, qui a à sa tête un président membre de l’UDF, soit instrumentalisée à l’aune des élections présidentielles ».