Le ministère algérien de la Défense nationale a mis en place deux commissions d’enquête afin d’élucider le mystère autour des nombreux crashs d’avions militaires. Parallèlement, une délégation d’officiers algériens se sont rendus en Russie pour rencontrer le constructeur des avions concernés par ces accidents.
L’aviation algérienne vit, depuis 2001, une série de crashs dont la plupart restent à ce jour non élucidés. Alors que l’aviation algérienne est classée 2e à l’échelle continentale, derrière l’Egypte, par le centre européen des études stratégiques, et 18e dans le monde, au moins six de ses appareils se sont scratchés entre 2001-2006, et presque autant entre 2006 et 2014. Jamais l’armée algérienne n’a subi autant de pertes durant cette période.
Le dernier incident en date remonte au 11 novembre dernier à Hassi Bahbah, lors d’une séance d’entraînement avec un Mig 25. Le pilote avait réussi à s’éjecter avant que l’appareil ne s’écrase. « Moins d’un mois auparavant, le 13 octobre, un bombardier de type Soukhoi (SU 24) s’est crashé dans la même région, causant la mort du pilote et de son officier navigateur. Le 9 mars 2014, un hélicoptère de l’ANP rate son décollage à l’aéroport d’In Amenas, et retombe quelques centaines de mètres plus loin. Moins d’un mois plus tôt, le 11 février, un avion de transport type Hercule C130 s’écrase sur le mont Djebel Fartas, à Oum El Bouaghi, tuant les 77 passagers qui étaient à son bord », rappelle le journal en ligne El Watan
Cette dernière série de catastrophes rappellent la première décennie des années 2000, une page sombre des forces aériennes algériennes puisqu’elle a été marquée d’au moins 15 accidents aériens. Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, le ministère algérien de la Défense nationale a mis sur pied deux commissions d’enquête et a envoyé une délégation d’officiers en Russie afin de rencontrer le constructeur de ces avions.
Poutine promet des avions performants
La visite en 2006 de Vladimir Poutine en Algérie était l’occasion pour le Président russe de signer des contrats pour la livraison d’avions plus performants pour remplacer la flotte vieillissante durant la période 2007-2010. Toutefois, après l’acquisition des Mig 29-SMT, les techniciens des forces aériennes algériennes ont émis plusieurs réserves quant à la qualité de ces nouveaux appareils. Ces ventes ont fait scandale et la Russie a été contrainte de revoir le contrat afin d’inclure des avions beaucoup plus performants.
Aujourd’hui encore, les experts de l’aviation algérienne ont exprimé de lourdes interrogations, amenant ainsi le ministère de la Défense à mettre en place ces commissions d’enquête, notamment après les deux derniers crashs (un Mig 25 et un Sukhoi 24). La première commission est conduite par un officier de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), et la seconde par un colonel de l’Ecole de l’air de Tafraoui. « Il est question de mener une enquête axée sur le volet technique des appareils qui se sont crashés, mais aussi sur l’ensemble des avions de la flotte, particulièrement les types touchés par les accidents », expliquent les sources d’El Watan. La délégation envoyée en Russie, issue de ces deux commissions, a été reçue par les dirigeants du constructeur russe, SoukoÏ et Mikoyan-Gourevitch, ainsi que par de hauts responsables du ministère russe de la Défense.
Il sera toutefois difficile de connaître les détails des activités de ces commissions d’enquête. En effet, le ministère algérien de la Défense n’a pas pour habitude d’informer l’opinion publique sur les résultats des enquêtes menées sur les nombreux crashs connus jusqu’à présent.