Le recours aux services d’une société à la fiabilité douteuse pour renforcer Air Algérie en cette période de haute saison a valu à la compagnie nationale algérienne d’être mal vue dans le pays.
(De notre correspondant à Alger)
La compagnie aérienne algérienne, Air Algérie, malgré son engagement à renouveler sa flotte pour en faire une des plus modernes au monde, est loin d’être exempte des reproches quant à son mode de gestion. Les conditions d’affrètement d’un appareil de plus de 18 ans d’âge, contrairement à la réglementation qui en interdit les plus de 14 ans, peuvent en constituer un. Il peut même être un point focal qui renseigne, si besoin est, sur le mode de gestion de l’un des fleurons de l’économie algérienne, censé pouvoir être le hub de l’Afrique.
La fiabilité de l’avion en question
Au lendemain du crash survenu au Mali, en Algérie, un problème de gestion a été soulevé et en particulier le mode de recrutement des cadres et les conditions dans lesquelles cela s’opère. Les Algériens dénoncent le mode d’accès à pareils postes auréolés de prestige et de splendeur qui serait fondé sur la raison du plus fort. S’il s’y ajoute le recours à une compagnie peu fiable au regard de l’âge de ses aéronefs, et la qualité de formation de son personnel naviguant, on comprend aisément pourquoi en Algérie, la colère grimpe après ce drame.
Alors que le cahier des charges concernant l’affrètement des avions est clair en la matière et les appareils ayant plus de 15 ans d’âge, des avions de type Boeing 737 ne sont pas acceptés. La compagnie espagnole, SwiftAir, spécialisée dans le « wet lease » et qui prête des avions avec équipage a fait déroger la compagnie algérienne à la règle. Pourtant, cette compagnie spécialisée dans le leasing est aux yeux de bien de spécialistes très limitée. Ces derniers dénoncent que ces pilotes n’ont pas toujours les compétences requises, surtout lorsqu’il s’agit de répondre aux situations d’urgence en survolant des zones à risque.
Huit accidents de ce type d’appareils enregistrés depuis juin 1999
En attendant les résultats de l’enquête pour déterminer avec exactitude les vraies raisons du crash, l’on se contente en Algérie, dans les différents bureaux de la compagnie de conclure que l’avion a été dérouté, compte tenu du très fort orage qu’il y avait sur son itinéraire. Rien n’a encore filtré sur l’attitude de l’équipage et la conduite à tenir devant les conditions climatologiques particulièrement difficiles en pareille saison.
Maintenant que la thèse d’un acte terroriste est complètement écartée, place maintenant à la fiabilité de l’appareil et la qualité de formation des pilotes. L’appareil en lui-même, un MD-83 est déjà ancien, n’est, selon certains spécialistes, pas robuste. Le MD-83 (McDonnell Douglas) a subi d’énormes accidents, ce n’est pas un avion fiable au regard des crashs qui ont précipité le déclin du constructeur aéronautique américain. D’après les chiffres, pas moins de huit accidents de ce type d’appareils ont été enregistrés depuis le 1er juin 1999, quand le Vol 1420 d’American Airlines voyait son avion de type MD-82 sortir de la piste.
Et le dernier accident en date remonte au 24 juillet dernier, lorsque le vol AH 5017 d’Air Algérie en provenance de Ouagadougou au Burkina Faso et se dirigeant vers Alger, s’est a piqué du nez pour s’écraser au sol avec une violence inouïe, tuant 116 personnes. Plus de 1 000 restes humains ont été rassemblés, la seconde boîte noire de l’avion endommagée ne permet pas de savoir ce qui a été dit par les pilotes dans le cockpit, juste avant le crash. Les enquêteurs vont devoir procéder à des tests ADN pour l’identifications des victimes.