La dernière journée des audiences préliminaires en vue d’un éventuel procès de l’ex vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) s’est tenue ce jeudi à La Haye. Les juges vont désormais examiner, dans les deux prochains mois, les preuves avancées par l’accusation. Si elles sont suffisantes, ils ouvriront un procès. Jean-Pierre Bemba, 46 ans, accusé de trois chefs d’accusation pour crimes contre l’humanité et de cinq pour crimes de guerre, rejette toutes les charges portées à son encontre.
C’est la procédure qui le veut. Ce jeudi, la parole est revenue, en dernier, aux avocats de Jean Pierre Bemba, accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Ils bouclent ainsi quatre jours d’audiences devant servir à examiner ces charges qui pèsent sur l’ex vice-président de la République démocratique du Congo. Les juges de la CPI vont désormais décider, dans les deux mois à venir, de l’ouverture ou non d’un procès.
Sans surprise, les avocats de Jean-Pierre Bemba ont exclu, jeudi, toute responsabilité de leur client dans les présumés crimes commis par ses troupes en République centrafricaine voisine, entre 2002 et 2003. Selon la défense, ce n’est pas Jean-Pierre Bemba, mais l’ancien président centrafricain, Ange Félix Patassé « qui donnait les ordres relatifs aux opérations militaires et fixait les cibles sur le terrain ». M. Patassé, actuellement en exil au Togo, avait demandé l’aide du Mouvement de libération congolais (MLC) de M. Bemba, pour écraser toute tentative de renversement de son pouvoir. Me Aimé Kilolo-Musamba, l’avocat de celui qui était surnommé le petit Mobutu, en raison de ses imitations de l’ancien président du Zaïre, affirme que ce sont les autorités centrafricaines, sur les instructions directes de leur chef d’Etat, qui ont fourni le matériel nécessaire (véhicules, nourritures, uniformes…) aux soldats du MLC de Jean-Pierre Bemba. La défense cite également la Libye qui aurait livré l’armement et les munitions aux hommes de l’ex-leader du MLC, battu par Joseph Kabila à la présidentielle congolaise de 2006.
Des viols en série pour traumatiser la population
Avant les avocats de la défense, les procureurs de la CPI, dans leurs accusations, ont tenté, mercredi, de prouver que Jean-Pierre Bemba et Ange-Félix Patassé avaient, tous les deux, l’intention de commettre des crimes contre la population centrafricaine. Ils auraient mis au point un plan commun pour « traumatiser et de terroriser » cette population et l’empêcher de soutenir la rébellion de François Bozizé, actuel président de la Centrafrique. Pour ce faire, M. Bemba aurait choisi le viol comme méthode de base, a expliqué le procureur Petra Kneuer. Celui-ci, s’appuyant sur des témoignages, affirme que « les hommes de Bemba allaient de maison en maison, se livrant au pillage et violant mères, épouses et filles ».
Si M. Kneuer et ses collègues parviennent à convaincre les trois juges de la CPI par des preuves suffisantes de leur accusation, un procès sera ouvert. Les juges disposent de 60 jours pour prendre une décision. D’ici-là, Jean-Pierre Bemba, arrêté en mai 2008 à Bruxelles, en Belgique, pour viols, tortures, traitements dégradants, pillages et meurtres, entendra dans un centre de détention de la CPI à La Haye.
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