Près d’un millier d’Algériens restent toujours bloqués en Turquie suite à la fermeture de l’espace aérien dans le but de réduire les risques de la propagation du nouveau Coronavirus. Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait pourtant annoncé leur retour le 2 avril dernier, mais rien ne s’est passé et les citoyens algériens sont abandonnés à leur sort, obligés de mendier pour certains et de dormir dans les rues d’Istanbul.
Selon des témoignages, le nombre de personnes immobilisées sur place est finalement plus élevé que ce qui avait été annoncé et l’opération lancée n’aurait pas été un succès. Pourtant des avions d’Air Algérie et de Turkish Airlines devaient alors être réquisitionnés du 3 au 5 avril pour le rapatriement de 1 788 Algériens se trouvant à Istanbul. Malheureusement, le rapatriement des citoyens algériens bloqués en Turquie s’avère très lent et complexe.
Selon une personne interrogée sur place « les autorités algériennes, à l’image de la représentation diplomatique algérienne en Turquie, n’ont rien fait réellement » pour les prendre en charge. Pis encore, « il y quelques jours, trois avions ont regagné l’Algérie, sans nous en avoir informés », accuse-t-il.
De nombreux algérien venus principalement pour des soins, dorment dans la rue, au risque d’être contaminés par le Covid-19 mais aussi dans une grande insécurité. Par ailleurs, un couvre-feu ayant été décidé dans tout le pays, les forces de police turques procèdent à des verbalisation pour toute personne restant hors de son domicile la nuit. Enfin, la détresse de ces personnes est telle que certains d’entre eux sont obligés « de mendier », pour reprendre les termes d’Abderrahmane, bloqué lui aussi sur le sol turc.
Les autorités algériennes ne semblent pas enclines à accélérer l’opération de rapatriement pour leurs ressortissants, seuls et sans aucune assistance, alors que les gouvernements du monde entier prennent des mesures exceptionnelles pour rapatrier leurs concitoyens dans le but d’assurer leur sécurité.
Désarroi et souffrance !
Les personnes interrogées se disent humiliés et regrettent le mépris des autorités qui semblent les avoir abandonnés à leur sort.
Au treizième jours du Ramadan (mois sacré pour les musulmans), les Algériens bloqués en Turquie reçoivent leur Ftour tard dans la nuit, soit quelques heures après la rupture du jeûne. Ils pointent du doigt « les responsables de l’ambassade d’Algérie en Turquie », qui, selon eux, « ne sont pas à la hauteur de l’inquiétude des ressortissants algériens ». Selon plusieurs témoins que la rédaction Afrik.com a pu contactés, la qualité des repas est médiocre et immangeable.
Le cauchemar et le calvaire de dizaine de familles algériennes bloquées sur le sol turc continuent
Idriss Rebbouh, médecin algérien, établi en Turquie et Président du conseil d’administration de l’Association Internationale des Algériens (AIA), témoigne que l’épisode du blocage des Algériens pendant 8 jours à l’aéroport international d’Istanbul n’est qu’un détail par rapport à l’ensemble des problèmes. « On est devant une nouvelle situation qui est plus qu’inquiétante et complexe », enchaîne-t-il. « Moi-même, je me suis proposé pour que mon association apporte sa pierre à l’édifice afin de prendre en charge nos concitoyens, mais aucun diplomate n’a répondu favorablement à notre élan de solidarité », s’alarme-t-il.
Sans aucune assistance et face à la menace de la propagation du Coronavirus, ces algériens, délaissés au pays d’Erdogan, sont livrés à eux-mêmes. Un silence radio qui ajoute à l’incertitude et à l’angoisse face à la gravité de la situation que vivent ces expatriés en Turquie, désespérément en quête d’une issue à ce cauchemar.