Covid-19 : l’Afrique du nord beaucoup plus touchée que l’Afrique subsaharienne


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Coronavirus
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Depuis le 14 février 2020, le Coronavirus a été signalé en Afrique avec un cas de personne infectée en Egypte. Depuis lors, huit autres pays du continent ont été atteints. Mais la vitesse de propagation du virus est beaucoup plus élevée en Afrique du nord que dans la partie subsaharienne du continent.

Avec le Covid-19, le nombre de personnes contaminées varie à la seconde près. Alors que jusqu’au samedi 7 mars, on dénombrait une quarantaine de cas de personnes infectées pour tout le continent, le nombre a été pratiquement doublé depuis hier, dimanche, passant à 82 patients.

L’Afrique du nord, région la plus exposée du continent

Dans cette avancée du Coronavirus sur le continent, c’est en Afrique du nord qu’on enregistre le plus grand nombre de cas. En effet, sur les 82 personnes identifiées, 72 sont en Egypte, en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Là encore, certains pays sont plus exposés que d’autres. Par ordre du nombre de cas, l’Egypte vient en tête avec 48 individus testés positifs au nouveau Coronavirus. Cette forte progression du nombre de patients est due à la détection de 45 cas sur le “A-Sara”, un bateau de croisière contenant des passagers de diverses nationalités, et qui a dû être évacué à Louxor, le samedi dernier. Sur les 45 personnes, 11 ont été par la suite déclarées non porteuses du virus ; mais elles sont toujours mises en quarantaine.

Après l’Egypte, le second pays d’Afrique du nord qui passe pour la plus grande victime du coronavirus est l’Algérie où sont dénombrées 20 personnes infectées dont 17 membres d’une même famille. La Tunisie et le Maroc viennent ensuite avec 2 cas détectés chacun. Néanmoins, ces deux pays se préparent au pire, puisqu’en Tunisie, plus de 2 000 personnes suspectes ont été mises en quarantaine. Côté marocain, même si sur 50 cas suspects, seuls 2 ont été testés positifs, les autorités craignent le pire et fourbissent leurs armes en conséquence. Le pire serait l’identification de 200 cas suspects pour 50 confirmés ou plus encore 2 000 cas suspects pour 500 confirmés. Le scenario catastrophe serait celui de 10 000 personnes infectées par le Coronavirus. Les craintes des autorités marocaines se fondent sur le fait que les opérations de contrôle aux frontières n’arrivent pas à détecter tous les cas, étant donné que bien souvent la majorité des personnes contrôlées ne présente aucun symptôme apparent lors desdits contrôles. Pour éviter le pire, des dispositions particulières ont été prises par le Maroc qui, selon son ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, est même prêt pour exporter son expertise en la matière.

La proximité de l’Afrique du nord avec l’Italie, troisième pays le plus touché par le Covid-19 dans le monde, ne rend pas les choses faciles, puisque la plupart des personnes infectées proviennent de ce pays, mais aussi de la France.

Pour l’instant, l’Afrique subsaharienne semble moins menacée

Le taux de contamination au coronavirus est nettement moins élevé en Afrique subsaharienne où les systèmes de santé sont pourtant reconnus faibles et précaires comparés à ceux des pays nord-africains. Seuls 10 cas de personnes portant le virus ont été identifiés et sont répartis de la manière suivante : Sénégal (4 cas confirmés dont 1 déclaré guéri), Afrique du Sud (2 cas), Cameroun (2 cas) ; le Nigeria et le Togo se partagent les 2 cas restant. L’Afrique de l’est demeure, pour l’heure, totalement en marge de l’épidémie, en dépit de la poursuite des vols de la compagnie Ethiopian Airlines en Chine, le pays d’où est parti le Covid-19.

Néanmoins, le risque est fortement présent et reconnu par les autorités de ces pays africains. Au Bénin par exemple, il y a quelques jours, un ressortissant italien du nom de Colacito Riccardo, directeur des Opérations à AHS-Bénin, une société d’assistance aéroportuaire, a été contraint de rembarquer, après s’être opposé aux opérations de contrôle systématique à l’aéroport de Cotonou. En effet, l’Italien revenant au Bénin à bord d’un avion d’Air France, après des vacances dans son pays d’origine, n’a pas voulu se soumettre au dispositif anti-Coronavirus mis en place par les autorités béninoises et a préféré repartir.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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