Début ce vendredi 18 décembre du couvre-feu en République Démocratique du Congo. Cette mesure sanitaire interdisant toutes les activités de 21 heures à 5 heures n’est pas du goût de la population.
Si ceux qui œuvrent dans le secteur informel se plaignent de la perturbation de leurs activités à l’approche des festivités de fin d’année, d’autres trouvent cette mesure « inopportune » face au nombre de cas de la deuxième vague du Coronavirus sur toute l’étendue du territoire national. Décryptage !
Routes quasi-désertes, courant électrique ici, délestage là-bas, des barrières par-ci, par-là… Ce vendredi 18 décembre, les Congolais ont vécu leur première nuit de couvre-feu. Une nuit où la vie a semblé arrêter son cour normal à 21heures dans nombreuses villes du pays, dont Bukavu, Goma, Kisangani, Lubumbashi…
Un manque à gagner pour le secteur informel
Si cette première nuit de couvre-feu a été bien respectée, cette mesure sanitaire reste critiquée. « Nous avons respecté la mesure interdisant la circulation à partir de 21 heures, mais nous devons reconnaitre qu’elle perturbe nos activités étant donné que c’est pendant ces heures que nous parvenons à écouler nos produits », se lamente une jeune femme vendeuse des vêtements.
Pour un jeune conducteur de taxi moto, ce couvre-feu vient s’ajouter à l’instabilité du prix du carburant. « Nous vivons dans la précarité. Face au chômage, nous nous sommes orientés dans ce métier. Depuis deux semaines, le prix du carburant est instable. Nous commençons nos activités à 4 heures du matin pour finir à 23 h, voir 00 heures. Avec cet horaire, nous parvenons à peine à subvenir aux besoins de la famille. Cette mesure vient paralyser nos activités. Pour ce premier jour, nous avons eu du mal à réunir la somme modique de 10 000 francs congolais (5 dollars Américains) ».
Même son de cloche pour un tenancier d’un restaurant de fortune qui pense que cette mesure est un manque à gagner pour le citoyen lambda. « Nombreux compatriotes œuvrent dans l’informel. C’est pendant ces heures que nombreux vendeuses parviennent à écouler leurs produits. Une chose est certaine, cette mesure d’ordre sanitaire va handicaper leurs activités ».
Une mesure qui nourrit les lamentations
Des lamentations sur les réseaux sociaux, des marches de contestation à Kinshasa… Ce couvre-feu n’est pas le bienvenu chez beaucoup de Congolais, qui croient que cette mesure est inopportune. Pour eux, avec 15 211 cas confirmés et 366 de décès recensés dans le pays, les autorités devraient plutôt revoir cette mesure. « Nous savons tous que le pays fait face à la deuxième vague. Mais ce couvre-feu devrait plutôt tenir compte de la réalité sociale. Il serait souhaitable de multiplier les séances de sensibilisation face au relâchement des mesures barrières et non passer directement à cette mesure qui risque créer de frustration », fait remarquer un jeune membre du mouvement citoyen Filimbi.
Pour les étudiants qui ont vu la rentrée académique être reportée à une date ultérieure, les autorités devraient plutôt prendre des mesures drastiques au niveau des points d’entrées et de sorties du pays. « Face à la hausse de cas, les autorités sanitaires devraient assurer une bonne surveillance au niveau de port et aéroport », déclare un jeune étudiant en Droit.
Pour rappel, le 15 décembre dernier, à l’issue de la réunion multisectorielle avec le comité de riposte, le Président congolais, Félix Tshisekedi, avait pris une série de mesures, dont le couvre-feu pour limiter la propagation du Coronavirus qui en est à son deuxième vague.
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