Covid-19 au Togo, les évêques s’opposent à la vaccination par la force


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Les évêques togolais
Les évêques togolais

Les évêques togolais sont fâchés contre le gouvernement de leur pays. En cause, la manière intransigeante dont il mène la lutte contre le Covid-19.

Les mesures coercitives prises par le pouvoir togolais pour amener les populations à se faire vacciner contre le Covid-19 continuent de provoquer des grincements de dents dans le pays. Vendredi, c’était au tour des évêques d’élever la voix contre l’obligation vaccinale imposée aux Togolais. Réunie en session extraordinaire, la Conférence des évêques du Togo (CET) n’est pas allée par quatre chemins pour critiquer les décisions du gouvernement togolais qui fait de la vaccination anti-Covid-19 une obligation pour tous les citoyens.

« [Le] Covid-19 est un problème de santé publique délicat et complexe, non seulement à cause du virus et de sa dangerosité, mais aussi de la méfiance d’une bonne partie de la population qui soupçonne des non-dits, des agendas cachés, des intérêts financiers obscurs et des lobbyings des puissants auxquels il faut ajouter le règne de la pensée unique et la toute-puissance des gouvernants en ce domaine », ont fait observer les évêques.

Considérant qu’on ne saurait faire abstraction de la méfiance légitime des populations vis-à-vis de vaccins encore en expérimentation, les évêques togolais se sont interrogés : « Dans un tel contexte, est-il vraiment important de faire usage de la pression et des sanctions pour obliger les populations à se faire vacciner ? Ne faudrait-il pas plutôt développer des stratégies qui expliquent et donc de convaincre par argumentation pour une décision personnelle, libre et responsable ? »

Au cours de leur réunion, les évêques togolais ont fait part de leur incompréhension face à l’intransigeance du gouvernement devant une maladie qui, depuis son apparition dans le pays n’a tué que 219 personnes. Ce n’est pourtant pas les urgences qui manquent dans le pays. Les prélats ont attiré l’attention des gouvernants par exemple sur le manque et/ou l’insuffisance de structures de santé adéquates, d’équipements appropriés, de personnels, de soins de qualité, tout ceci ajouté à la pauvreté de la plus grande partie de la population qui manque de moyens pour consulter et se payer les soins.

« Tout cela constitue aussi des urgences et des priorités sanitaires dans notre pays. La mort d’un concitoyen, faute de soins, que ce soit des suites [du] Covid-19 ou d’autres pathologies est toujours une grande perte », ont-il déclaré. Pour la CET, la lutte contre la maladie à Coronavirus « doit être essentiellement basée sur la sensibilisation, la juste information, l’éducation au respect des mesures préventives, le renforcement de l’immunité collective naturelle, l’administration des soins curatives, la vaccination librement consentie et en toute connaissance de cause, la recherche scientifique, etc. ».

Elle doit donc être « respectueuse de la dignité, de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine » et non une occasion pour violer les droits des citoyens.
Autre point de mécontentement, l’interdiction des cultes a également fait l’objet d’une condamnation unanime des prélats.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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