
À l’approche des grands événements sportifs internationaux que sont la prochaine CAN et surtout la Coupe du Monde 2030, les associations de défense animale dénoncent des méthodes d’élimination cruelles et contre-productives au Maroc.
Alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations en 2026 et la Coupe du Monde de football en 2030, une polémique grandissante éclate autour du sort réservé aux animaux errants dans le pays. L’actrice franco-marocaine Ouidad Elma, également militante et ambassadrice de PETA, lance l’alerte sur ce qu’elle qualifie de « tragédie silencieuse« .
Des méthodes d’abattage controversées
Selon plusieurs sources, dont des vidéos diffusées par PETA France et PETA US, des campagnes d’élimination massive de chiens et chats errants seraient menées par certaines autorités locales marocaines. Les méthodes employées suscitent l’indignation : empoisonnements en pleine rue, animaux brûlés vifs ou abattus sans considération pour leur souffrance.
« J‘ai vu l’horreur. Des vidéos insoutenables circulent : des corps calcinés, des animaux agonisants pendant des heures après avoir ingéré du poison« , témoigne Ouidad Elma. « Ce n’est pas une gestion des animaux errants — c’est une tuerie organisée, brutale, inefficace et indigne. »
Un enjeu d’image pour le Maroc
La perspective des grands événements sportifs à venir semble avoir accéléré ces opérations qualifiées de « nettoyage » par leurs instigateurs. Les partisans de ces mesures invoquent des questions de santé et de sécurité publiques, estimant que la présence d’animaux errants pourrait nuire à l’image de modernité que le pays souhaite projeter auprès des visiteurs internationaux.
Cependant, les défenseurs de la cause animale soulignent qu’une telle approche pourrait au contraire ternir la réputation d’hospitalité du Maroc. « L’image du Maroc ne doit pas se construire sur le sang des innocents« , insiste l’ambassadrice de PETA.
Un problème sanitaire aggravé et des fonds publics en question
Au-delà de la cruauté, ces méthodes seraient contre-productives d’un point de vue sanitaire. Le communiqué souligne que sans programmes de stérilisation efficaces, les populations animales se reconstituent rapidement, annulant tout effet à long terme. Plus inquiétant encore, l’empoisonnement pratiqué en pleine rue contamine les sols et les eaux, créant un danger pour les animaux domestiques et les citoyens eux-mêmes. La situation est aggravée par l’abandon des cadavres qui deviennent rapidement des foyers d’infection, attirant rongeurs et insectes vecteurs de maladies dans les zones urbaines.
Une autre préoccupation concerne l’utilisation des fonds publics. « Des millions de dirhams, censés financer la stérilisation et la vaccination, disparaissent sans effet visible« , dénonce le communiqué, qui s’interroge : « Où est passé cet argent ? Qui profite de ce système ? »
Des alternatives existent et un appel à une initiative législative
Face à cette situation, diverses associations et vétérinaires bénévoles promeuvent des solutions plus humaines et durables. Dans plusieurs grandes villes marocaines, des programmes alternatifs ont déjà vu le jour, bien qu’ils restent limités par des contraintes budgétaires. Ces initiatives comprennent notamment la stérilisation et la vaccination des animaux errants, accompagnées d’actions de sensibilisation auprès de la population. La création de refuges adaptés et le renforcement de la collaboration avec les communes pour la prise en charge des animaux abandonnés font également partie des solutions envisagées par les défenseurs de la cause animale.
Pour mettre fin à ces pratiques, Ouidad Elma et les organisations de protection animale lancent une initiative législative visant à instaurer une véritable loi de protection animale au Maroc. Leurs revendications s’articulent autour de trois axes principaux.
- Les militants demandent en premier lieu l’interdiction formelle de toute forme de cruauté envers les animaux.
- Ils appellent également à la mise en place d’un programme national de stérilisation et de vaccination efficace et durable.
- Enfin, ils plaident pour l’adoption d’un modèle de gestion humaine et responsable des animaux errants, inspiré des pratiques qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays.
Selon les estimations avancées, près de 3 millions de chiens et 4 millions de chats risqueraient l’extermination au Maroc. Les défenseurs de cette cause appellent désormais à une mobilisation médiatique plus large, convaincus que la pression de l’opinion publique nationale et internationale pourra influencer les décisions des autorités marocaines.