En se posant comme le candidat de l’Afrique, Rabat confond ses intérêts de nation candidate à l’organisation de la prestigieuse compétition, avec celui d’un continent dédaigné par les instances internationales du ballon rond. Une stratégie élaborée au plus haut niveau.
» Le rêve d’un continent, le projet d’une nation « . C’est par ce slogan que le Maroc, candidat organisateur de la coupe du monde de football de 2006, tente de rallier les suffrages des instances internationales de football, se faisant à l’occasion, le porte-parole d’un continent oublié par la Fédération internationale de football, FIFA.
A l’agence malaisienne Bernama, le président délégué du Comité national chargé de la candidature du royaume chérifien, Driss Benhimia, a défendu la solidarité du Sud : « Le football appartient à tout le monde. Nous voulons savoir si seuls les pays riches ont le droit d’abriter cette compétition planétaire (…). Nous n’avons pas présenté de candidature quand l’Asie s’est portée candidate pour l’édition de 2002 « , a-t-il fait valoir devant les congressistes de la confédération asiatique de football. Et d’ajouter : » L’Afrique a soutenu l’Asie, c’est maintenant au tour de cette dernière de nous soutenir. «
Et l’Afrique ?
L’argument africaniste pour s’attirer les bonnes grâces des instances internationales est également omniprésent dans les différents sites défendant la candidature du royaume. : » L’Europe a organisé 9 fois la Coupe du Monde, l’Amérique du sud, 6 fois, l’Amérique du Nord, une fois. L’Asie est prévue pour 2006. Et l’Afrique ? « , lit-on sur le site non officiel Maroc-2006.
Pour l’agence officielle marocaine, MAP, cette stratégie du Comité national, a été élaborée au terme d’une réunion extraordinaire des ministres arabes de la jeunesse et des sports, réunis à Rabat sur demande expresse du Maroc. Elle vise à rassembler l’essentiel des voix des pays du Sud au sein du Comité exécutif de la FIFA et tourne délibérément le dos aux représentants européens.
Redoutant un accord de dupe reléguant à 2010 l’octroi d’une candidature africaine, M Benhia a prévenu qu’en 2010 » les pays d’Amérique latine entreront en lice et l’Afrique serait écartée une nouvelle fois « . Pour le Maroc qui a déjà laissé passé sa chance en 1994 et 1998 au profit des Etats-Unis et de la France, c’est maintenant ou jamais.