La mutinerie qui a éclaté ce jeudi matin à 4 heures (6 heures à Paris) serait une tentative de coup d’Etat du général Robert Gueï, ancien putschiste arrivé au pouvoir par la force en 1999 avant d’en être écarté une année plus tard par les urnes. Les forces loyalistes auraient repris certaines positions aux mutins. Et, au moment où nous mettons en ligne (16 h 00 à Paris), tué Robert Gueï.
La situation semble se compliquer d’heure en heure en Côte d’Ivoire. Si les forces loyalistes sont en voie de reprendre le contrôle d’Abidjan, les mutins, quant à eux, sont maîtres de Bouaké, seconde ville du pays. Pour les autorités ivoiriennes, ce n’est plus une mutinerie des gendarmes en voie de démobilisation, mais bien une tentative de coup d’Etat du général Robert Gueï, ancien putschiste arrivé au pouvoir par la force en 1999 avant d’en être écarté par les urnes une année plus tard. Selon le ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, interrogé par l’Afp, l’ancien homme fort d’Abidjan a été tué lors des affrontements. » Sa mort est sûre à 100% et recoupée par trois sources. Je crois qu’il a été tué lors d’affrontements « , révèle le ministre.
Bouaké, ville morte
Selon des sources concordantes, les mutins auraient pris au moins deux otages, la femme du ministre de la Défense et le ministre des Sports, François Amichia. Par contre, le sort du ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou, est très confus. Selon nos informations, il aurait été tué aussi. Sa maison a été mitraillée… Bouaké est coupée du monde et l’accès comme la sortie de la ville sont interdits par les mutins.
» On a identifié qui est à l’origine des troubles. C’est le général Gueï. Il est réfugié dans la cathédrale d’Abidjan « , déclare Alain Toussaint, conseiller en communication du président. Le président Laurent Gbagbo, en visite en Italie, a dû, dans la journée, revenir sur sa décision de maintenir son programme en annulant tous ses rendez-vous. Il devrait être reçu demain par le pape, au Vatican.
A 59 ans, le » père Noël en treillis » était très aimé par les militaires qui voyaient en lui le sauveur de la nation.
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Bruit de bottes à Abidjan.
Fiche Bio de Robert Gueï
Robert Gueï
Né en 1941 dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.
En 1963, il entre à Saint Cyr puis fait l’Ecole de guerre, à Paris.
Il gravit les échelons de l’armée ivoirienne et en 1990 – au grade de colonel – il est nommé chef d’état-major par le président Félix Houphouët-Boigny
En 1993, il arbitre la querelle entre le Premier ministre Alassane Ouattara et le « dauphin constitutionnel » Henri Konan Bédié, en faveur de ce dernier.
Deux ans plus tard, Bédié le limoge à la veille de l’élection présidentielle, lorsque le général exige un ordre écrit pour déployer l’armée dans les rues livrées aux manifestants, ce qui lui vaudra une large popularité.
En 1996, il est accusé de tentative de putsch. Radié de l’armée, il se retire dans sa région d’origine à l’ouest de la Côte d’Ivoire. C’est là que le trouve, occupé à « préparer le réveillon », la mutinerie du 22 décembre 1999.
Le 24 décembre au petit matin, c’est un général Gueï en treillis, béret bleu vissé sur la tête, qui annonce à la télévision le renversement du président Bédié.
Accueilli dans la liesse populaire, il sera rapidement suspecté de vouloir rester dans le fauteuil présidentiel.
En octobre 2000, il sera chassé du pouvoir par la rue. Depuis, il vivait assez loin de la capitale, dans son village à l’Ouest du pays.