Coup d’État manqué en RDC : 37 prévenus dont Jean-Jacques Owondo condamnés à la peine capitale


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Justice, Tribunal
Tribunal (illustration)

Le procès des auteurs du coup d’État manqué en RDC a livré son verdict, ce vendredi. 37 prévenus sont condamnés à mort et 13 autres acquittés.

Fin août, le ministère public représenté par le lieutenant-colonel Innocent Radjabu dans le procès de la « tentative de coup d’État » en RDC, avait requis la peine capitale contre 50 des 51 prévenus. La seule personne épargnée était Alain Tikimo pour cause de « troubles psychologiques ». Ce vendredi, le tribunal a rendu son verdict. Au total, 37 personnes ont écopé de la peine de mort. Parmi elles, les trois Américains nés aux États-Unis (Marcel Malanga, propre fils de Christian Malanga âgé de 22 ans, Tyler Thompson, également âgé de 22 ans et Benjamin Zalman-Polun, 36 ans). L’expert militaire congolo-belge, Jean-Jacques Wondo, figure sur la liste des condamnés à mort. Plusieurs chefs d’accusation ont été retenus contre eux : « attentat », « terrorisme », « tentative d’assassinat », « association de malfaiteurs », « meurtre », « détention illégale d’armes et munitions de guerre » en sont les principaux.

12 prévenus acquittés ont bénéficié d’une absence de preuves pour étayer les chefs d’accusation d’association de malfaiteurs, de terrorisme et de financement du terrorisme retenus contre eux. Le 13e est Alain Tikimo relaxé à cause de ses déficiences mentales.

Le cas particulier de Jean-Jacques Wondo

Le cas de Jean-Jacques Wondo est particulier en raison de l’étoffe intellectuelle et de la renommée du concerné. Analyste reconnu des questions politiques et sécuritaires de la RDC et de la région des Grands Lacs, il est l’auteur de deux ouvrages sur l’armée de son pays d’origine, de plusieurs articles sur les problématiques de défense et de sécurité. Jean-Jacques Wondo est également un expert collaborant avec la radio Okapi, partenaire de la MONUSCO. Depuis plusieurs années, l’homme arbore aussi une casquette de criminologue dans le secteur de la justice pénale en Belgique, au sein de l’Administration générale des maisons de justice. Par-dessus tout, Jean-Jacques Wondo était jusqu’aux événements du 19 mai un collaborateur de l’Agence nationale de renseignements (ANR) de la RDC. C’est en février dernier qu’il s’est rendu à Kinshasa avec la mission de réformer et d’humaniser les services de renseignements.

Selon ses proches, cette mission lui aurait valu beaucoup d’inimitié sur place, et serait même la cause de ses ennuis actuels. « On a l’impression qu’il y a des personnes très haut placées qui tirent les ficelles parce qu’au vu du dossier, il n’aurait même pas dû se retrouver en prison. Voilà pourquoi nous estimons que c’est au chef de l’État de mettre fin à ses misères », avait déclaré Joël Kandolo, porte-parole de la famille Wondo, il y a quelques jours. Mais pour la cour, il est un « concepteur » et un « auteur intellectuel » du coup.

Le cri de détresse de l’épouse de Jean-Jacques Owondo

« Je vous implore, Monsieur le président (du tribunal, ndlr), la santé de mon mari se dégrade chaque jour. Il a perdu 15 kilos et a besoin de soins médicaux urgents », s’est lamentée Nathalie Kayembe, épouse de Jean-Jacques Owondo. Même son de cloche chez son fils : « Mon père a toujours servi le Congo avec intégrité. Ce dont on l’accuse est faux. Nous avons besoin de lui en bonne santé ». Le concerné même s’est contenté de tweeter : « Vraiment triste pour la RDC et les Congolais. Mais nous rendons grâce à Dieu malgré ce jugement inique et que le juste Juge ne garde ni le silence ni laisse aucune injustice impunie. C’est vraiment le comble ».

Les Affaires étrangères belges sont en contact avec la famille et suivent de près cette affaire. Les avocats de la défense ont déjà indiqué à l’AFP leur intention de faire appel. Ils doivent le faire dans un délai de cinq jours.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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