Les putschistes qui ont pris le pouvoir en Mauritanie ce mercredi n’ont pas l’intention de laisser le pays s’enfoncer dans l’anarchie. Jeudi, le nouvel homme fort du pays, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a affirmé vouloir restaurer au plus vite le processus démocratique. Il a obtenu le soutien de parlementaires frondeurs mais la communauté internationale a condamné son coup de force.
Le Haut Conseil d’Etat des forces armées et de sécurité – la junte militaire à l’origine du coup d’Etat en Mauritanie ce mercredi –, a l’intention d’organiser rapidement des élections libres et transparentes. C’est ce qu’ont affirmé les onze officiers et hauts-gradés de l’armée qui le composent dans un communiqué lu à la radio nationale ce jeudi. Ils ont précisé que ces élections seraient organisées « dans une période qui sera la plus courte possible ». Pour l’heure, aucune date n’a encore été fixée.
Le meneur du putsch, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a accordé une interview au Temps et au Soir dans laquelle il affirme : « Je m’engage personnellement à préserver l’Etat de droit, les libertés des citoyens et les institutions démocratiques existantes ». Il a ajouté : « Ce n’est pas un coup d’Etat. Il s’agit d’une action destinée à sauver le pays ». Trois ans après le coup d’Etat de 2005 qui avait renversé le président Maaouiya Ould Taya, la junte militaire semble de nouveau s’estimer garante de la liberté et de la démocratie en Mauritanie. A l’époque, elle avait déjà promis de rendre le pouvoir aux civils et d’organiser des élections libres. C’est comme cela que, deux ans plus tard, Sidi Ould Cheikh Abdallahi était devenu le premier président de Mauritanie élu démocratiquement depuis l’indépendance du pays en 1960.
Le Parlement approuve, le reste du monde condamne
La crise politique qui frappe la Mauritanie couvait depuis plusieurs mois. Le limogeage mercredi matin du général Mohamed Ould Abdel Aziz – chef d’état-major particulier du président – a servi de déclencheur à la fronde. Le militaire a pris la tête des putschistes et fait prisonniers le président et le premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf. Nouvel homme fort du pays, il dirige le Haut Conseil des forces armées et de sécurité qui fera office de gouvernement provisoire.
Le coup de force des militaires est soutenu par des parlementaires qui avaient sommé le président de démissionner en début de semaine, le jugeant incapable de gérer les difficultés socio-économiques du pays. Le chef des élus sécessionnistes, Sidi Mohamed Ould Maham, a expliqué qu’il soutenait « le “mouvement correctif” » et a appelé l’ensemble des citoyens à rejoindre jeudi matin une manifestation de soutien aux putschistes.
Le coup d’Etat a été massivement condamné par la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a dit « regretter profondément » le putsch, tandis que l’Union Européenne, l’Union Africaine et les Etats-Unis exprimaient le même avis. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a appelé la junte à libérer les deux prisonniers et à restaurer le gouvernement légitime. La France, ancienne puissance coloniale, a souligné son « attachement à la stabilité du pays ». L’Union du Maghreb Arabe a, quant à elle, dépêché sur place son président afin de suivre l’évolution de la situation.