Alors que les médias algériens soulignent le caractère illégal de l’action des députés de la majorité qui ont proclamé la vacance du poste de président de l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika maintient son silence sur ce que certains appellent un « Coup d’Etat ».
Ce jeudi 18 octobre 2018, les médias algériens soulignent le caractère illégal de l’action des députés de la majorité, notamment du Front de libération nationale (FLN) et du Rassemblement national démocratique (RND), qui ont proclamé la vacance du poste de président de l’Assemblée nationale. Mardi, ils avaient cadenassé le siège de l’Assemblée pour empêcher l’accès à son président, Saïd Bouhadja.
Au Conseil constitutionnel d’intervenir
Selon les journaux algériens, l’action des députés est unanimement décriée par les juristes qui insistent que la vacance de la présidence de l’Assemblée populaire nationale (APN) ne peut être constatée que « par suite de démission, d’incapacité ou d’incompatibilité ou de décès ». Et de souligner que M. Bouhadja (FLN) est bien vivant. Pour sa part, l’opposition parlementaire, qui demande au Conseil constitutionnel d’intervenir, dénonce un « véritable putsch guidé par des clans habitués aux coups d’Etat », « un non-sens sur le plan de la réglementation », un « coup d’Etat » mené par les « députés de l’allégeance ».
Alors que M. Bouhadja clame avoir mis de l’ordre et découvert que des députés s’accaparaient jusqu’à quatre ou cinq voitures de service pour leur usage personnel, dopés par leur secrétaire général, Djamel Ould Abbès, les députés du FLN, qui ont reçu le soutien du RND du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, l’accusent de « mauvaise gestion » et lui reprochent des « frais de mission » excessifs. Toutefois, M. Bouhadja est formel : il ne se démettrait que si le Président Abdelaziz Bouteflika lui en faisait la demande. D’autant que la Constitution algérienne et le règlement intérieur de l’Assemblée sont en sa faveur.
La Présidence ne compte pas s’impliquer
« Il n’y a pas eu de coup de fil de la Présidence et il n’y en aura pas. Saïd Bouhadja n’a pas été nommé par décret. Il n’a pas été désigné par le président de la République », a affirmé Ahmed Ouyahia, révélant que la présidence de la République ne compte pas s’impliquer dans ce conflit qui risque de plonger ce pays d’Afrique du Nord dans le chaos.
Rappelons que cette fait suite à une crise qui oppose les députés de la majorité au président de l’Assemblée nationale depuis que M. Bouhadja a limogé le secrétaire général chargé de l’administration, Bachir Slimani. C’était le 23 septembre de l’an 2018. Une date qui sera sans nul doute inscrite dans l’histoire de l’Algérie.