Selon des informations concordantes, ce sont des Chinois qui auraient fourni aux rebelles du FUC le matériel et les munitions qui leur ont permis de pénétrer jusqu’aux faubourgs de N’Djamena. Analyses et conclusions.
Les rivalités des puissances post-coloniales étaient jusque-là le lot commun de tous les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par la bénédiction, ou plutôt la malédiction, du pétrole. Des zones d’influence françaises ou américaines, on pouvait presque dire, au cours de la dernière décennie, qu’elles devenaient plutôt des zones de pompage… L’actuel Président de l’Union Africaine, Denis Sassou-Nguesso, aurait beaucoup à raconter sur ces entrecroisements d’intérêts pétroliers.
L’actuelle déstabilisation dont le Tchad fait l’objet semble bien la conséquence prévisible de son accession au rang de nation pétrolière. La surprise, c’est que la déstabilisation n’est pas l’oeuvre des puissances accoutumées du fait : c’est désormais la Chine qui signe son arrivée sur le continent en tant que puissance prédatrice.
S’est-on suffisamment tôt avisé que le leader du FUC, Mahamat Nour, aurait (d’après Le Journal du Dimanche daté du 23 avril 2006) » travaillé dans le passé au Soudan pour une société chinoise et pétrolière »? Toujours est-il que ses hommes ont bien reçu au Soudan, à la veille de leur offensive contre le Tchad, un fort appui en matériel et en munitions, livré par des fournisseurs chinois : mitrailleuses 14,5mm chinoises, 4×4 Toyota achetées dans le Golfe par une société chinoise, etc…
25% des importations pétrolières chinoises proviennent d’Afrique
L’islamique Soudan est aujourd’hui l’un des bons fournisseurs de pétrole de la Chine, à un moment où la croissance économique accélérée de ce pays-continent lui impose de trouver sans cesse plus d’hydrocarbures à brûler… Or 25% des importations pétrolières chinoises proviennent aujourd’hui d’Afrique, dont une bonne partie du Soudan.
D’où la tentation, rapide, d’élargir au Tchad voisin une zone d’influence et de chalandise bien établie. D’où le réflexe, lamentable, d’utiliser au profit d’intérêts pétroliers bien compris la déstabilisation en cours du Président Idriss Déby Itno pour imposer par la force un dirigeant ami, qui serait d’autant plus ouvert aux demandes chinoises qu’il leur serait redevable de son accession au pouvoir.
Décidément, les vieux démons de l’Afrique font mieux que se réveiller : ils font des émules, et voici donc qu’une nouvelle génération de fauteurs de Coups d’Etat va se lever à l’Est! Gare… La démocratie est décidément le seul combat viable pour le continent. Pour construire son développement et le faire profiter de ses propres ressources. La démocratie et le droit, toujours et toujours à défendre.