Coup d’État au Gabon : l’attitude prudente de l’opposition


Lecture 3 min.
Albert Ondo Ossa
Albert Ondo Ossa

Au lendemain du coup de force des militaires qui ont évincé Ali Bongo, l’opposition s’est exprimée. Sans s’extasier. Son leader s’est même montré très critique de la junte.

Jeudi 31 août 2023. Alors qu’une partie de la population gabonaise jubile et salue la prise du pouvoir par les militaires, l’opposition, elle, fait preuve de prudence, et réclame sa victoire.

Alternance 2023 appelle les militaires à reconnaître sa victoire

L’opposition gabonaise, à travers le porte-parole d’Alternance 2023, Mike Jocktane, a certes remercié l’armée pour s’être « dressée contre un coup d’État électoral » et avoir réussi à épargner au Gabon la perte de vies humaines. Mais, son principal souhait, c’est que le processus électoral puisse se poursuivre jusqu’à ce que la victoire du professeur Albert Ondo Ossa soit reconnue. Le raisonnement de Mike Jocktane est fort simple : « Présents devant chaque bureau de vote et ayant veillé sur le transport des urnes, les forces de sécurité et de défense sont les premiers témoins de la large victoire du professeur Albert Ondo Ossa », a martelé le porte-parole d’Alternance 2023.

Albert Ondo Ossa lance des piques à la junte

Interrogé par TV5 Monde, le candidat d’Alternance 2023, le professeur Albert Ondo Ossa, n’a pas loupé les militaires qui ont pris le contrôle du pays. « Il faut situer les choses dans leur contexte. D’abord ce n’est pas un coup d’État, c’est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d’Ali Bongo (…) Les Bongo ont trouvé qu’il fallait mettre Ali Bongo de côté pour poursuivre effectivement le système Bongo », a-t-il commencé. Avant de poursuivre : « Ils ont mis en avant Oligui Nguema, mais derrière lui, nous savons qui est là. C’est toujours le système Bongo qui continue. Oligui Nguema est un sous-fifre. Derrière lui, c’est le clan Bongo qui se maintient au pouvoir ».

La France interpellée

Pour celui qui se considère comme le vainqueur de la Présidentielle, il n’est pas admissible de laisser les militaires s’éterniser au pouvoir. « Je demande aux militaires de revenir à l’ordre républicain. Ce sera entendu ou pas, mais je les observe (…) Le Gabon est au ras des pâquerettes. Il faut le redresser, et ce ne sont pas les militaires qui pourront le redresser », tranche Albert Ondo Ossa.

Et pour obtenir le retour à l’ordre constitutionnel, le candidat unique de l’opposition se tourne vers la communauté internationale et la France en particulier. « J’interpelle la communauté internationale et précisément la France qui ne peut pas se déjuger. Dès lors qu’on condamne le coup d’État, on doit condamner ce qui s’ensuit, à savoir effectivement la transition », soutient l’homme.

Reste à savoir l’accueil que réservera à ces propos la France qui a, certes, condamné le coup de force, mais qui, pour l’instant, est restée totalement muette sur la transition.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News