Depuis une décennie, le coton africain a trouvé un marché majeur au Bangladesh, un pays qui, en seulement deux ans, est devenu le premier importateur de coton au monde.
Aujourd’hui, plus de 60 % du coton produit en Afrique de l’Ouest est acheté par le Bangladesh, une proportion qui grimpe à 80 % si l’on ajoute les exportations vers le Pakistan et le Vietnam. Cependant, cette dépendance croissante inquiète de plus en plus les acteurs de la filière cotonnière africaine.
L’économie bangladaise : un géant aux pieds d’argile
Le Bangladesh, bien que reconnu comme un centre névralgique de l’industrie textile mondiale, traverse une période économique tumultueuse. Les filatures locales, ayant considérablement augmenté leur capacité de production grâce à d’énormes investissements, se retrouvent aujourd’hui lourdement endettées. Ces dettes, contractées auprès de petites banques sous-capitalisées, mettent en péril la stabilité financière des filatures, qui peinent à honorer leurs contrats d’achat de coton.
Conséquences pour le coton africain : des ventes incertaines
Cette fragilité économique se répercute directement sur le commerce de coton africain. Les contrats non honorés par les filatures bangladaises se multiplient. Cela entraîne une accumulation inquiétante de stocks de coton en Afrique. Les traders, pris entre les exigences des fournisseurs africains et les difficultés des acheteurs bangladais, avouent leur impuissance à garantir des paiements en temps voulu.
La concurrence du coton mécanisé : un défi supplémentaire
En plus des risques liés à la dépendance économique, le coton africain doit faire face à la concurrence croissante du coton ramassé mécaniquement. Le Bangladesh, bien que consommateur majeur de coton africain, se tourne de plus en plus vers ce coton mécanisé, moins coûteux et plus facilement disponible. Cette concurrence ajoute une pression supplémentaire sur les producteurs africains, déjà fragilisés par les incertitudes du marché bangladais.
Diversification des marchés : une nécessité urgente
Pour sortir de cette situation périlleuse, plusieurs pistes sont explorées par les acteurs du coton africain. Améliorer la qualité du coton, souvent critiquée pour sa contamination, et intensifier les efforts de marketing pour mettre en avant les caractéristiques propres du coton africain, telles que ses fibres préservées grâce à une récolte manuelle, sont des solutions envisagées.