Côte d’Ivoire : Youssouf Bakayoko s’explique sur le rôle de la CEI


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Un procès-verbal de la région de la vallée du Bandama

Youssouf Bakayoko et Yacouba Bamba, respectivement président et porte-parole de la Commission électorale indépendante, se sont exprimés ce vendredi, à Paris, sur le rôle de l’institution dans le processus électoral à l’origine de la crise politique qui secoue la Côte d’Ivoire depuis le 2 décembre dernier. Les responsables de la CEI ont rejeté en bloc les accusations des partisans de Laurent Gbagbo qui rejette le résultat des urnes.

Son rôle fut clé dans le processus électoral qui plonge actuellement la Côte d’Ivoire dans une nouvelle crise. Il a donc tenu à s’expliquer « à l’étranger pour des raisons familiales et de sécurité ». A Paris, le président de la Commission électorale indépendante Youssouf Bakayoko, accompagné du porte-parole de l’institution, Yacouba Bamba, s’est exprimé pour la première fois depuis la proclamation des résultats de la présidentielle le jeudi 2 décembre dernier.

« La question du temps n’est pas essentielle »

A l’occasion d’une conférence de presse, qui s’est tenue ce vendredi, le président de la CEI a tenu a précisé le rôle et la fonction de son institution et rappelé que « le mandat (de certification, ndlr) du représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire a été sollicité par l’ensemble des acteurs politiques ivoiriens ». Par conséquent, « le rôle de la CEI dans le processus électoral découl(ait) d’un accord entre tous les leaders politiques ivoiriens ». La commission, dont le rôle premier est de collecter « l’ensemble des procès verbaux (…) a obligation de (les) communiquer au Conseil Constitutionnel dans les trois jours », a déclaré Youssouf Bakayoko. « C’est que nous avons fait ».

Les deux représentants de la CEI sont revenus sur l’imbroglio de la proclamation des résultats. Youssouf Bakayoko a rejeté l’une des accusations avancées par le camp Gbagbo, à savoir que la proclamation n’était pas valide, car hors délai, et qu’il revenait alors au Conseil constitutionnel d’annoncer le vainqueur du scrutin. Il a affirmé que la CEI n’était pas tenue de proclamer les résultats dans le délai de trois jours. Néanmoins, les raisons qui ont entrainé ce retard ont été précisées. « Nous n’avons pas eu la possibilité de communiquer les résultats à l’heure », a-t-il déclaré tout en rappelant les évènements qui l’avaient rendue impossible. Le président de la CEI a toutefois indiqué que « la question du temps n’est pas essentielle ». Youssouf Bakayoko a rappelé que les résultats du premier tour avaient été également proclamés avec retard et s’est étonné que cela n’ait posé problème qu’au second tour.

« Je ne savais pas que l’hôtel du Golf était le quartier général d’Alassane Ouattara »

Youssouf Bakayoko a ensuite justifié sa décision de proclamer les résultats de l’élection à l‘hôtel du golf, siège de campagne d’Alassane Ouattara que la CEI a proclamé vainqueur de la présidentielle. Décrivant la détérioration des conditions de sécurité à la CEI, il a avancé que « des membres des forces de sécurité en armes » avaient investi ses locaux mercredi soir, date limite prévue en principe pour la proclamation des résultats. Le siège de CEI avaient été, selon lui, « transformé en camp militaire », de même des « miliciens » coiffés de « casquettes rouges » y étaient présents. Le patron de la CEI a également affirmé que les conditions de sécurité nécessaire à la proclamation des résultats n’y étaient donc pas réunies. « Je ne savais pas que l’hôtel du Golf était le quartier général d’Alassane Ouattara », s’est-il défendu. Et de préciser, interrogé sur le fait qu’il n’ait pas choisi un terrain plus neutre comme les Nations unies : « Je ne me suis pas rendu à l’ONUCI car ce n’est pas en territoire ivoirien ».

Yacouba Bamba et Youssouf Bakayoko ont vivement rejeté les accusations de fraude et d’irrégularités du camp de Laurent Gbagbo, l’autre président ivoirien reconnu par le Conseil constitutionnel. Selon le porte-parole de la CEI, les « conditions de transparence et d’équité » ont bien été « remplies », et ce, même dans les sept régions litigieuses. Selon les « observateurs » et les « préfets » présents sur place, « il n’y a pas eu de morts, ni d’urnes emportées dans ces régions ». « Les rapports qui nous ont été communiqués ne font pas état de tentative d’obstruction du travail des représentants des candidats », a constaté Youssouf Bakayoko. « A l’ouverture des bureaux de vote, tous les représentants (des deux candidats) étaient là. Mais certains les ont quittés après avoir reçu des coups de téléphones », a-t-il poursuivi sans donner plus de précisions. Le responsable de la CEI a montré un procès-verbal de la région de la vallée du Bandama, dont le chef-lieu est Bouaké et dont il était le superviseur, signé par les représentants des deux candidats.

Accepter les résultats de la CEI ou reprendre le processus électoral

Yacouba Bamba s’est dit, lui, surpris des réclamations du camp Gbagbo. « Dans tous les bureaux de vote, dans les 415 commissions électorales locales, les procès verbaux ont été vus et signés par les représentants de chaque candidat, tous les procès verbaux sont vus par les représentants des candidats ». Le porte-parole de la CEI a invité les Ivoiriens à « garder patience » et a appelé au respect de « la volonté du peuple » qui correspond selon lui aux résultats publiés par la CEI. Ils donnent Alassane Ouattara vainqueur avec plus de 54% des suffrages. Pour Yacouba Bamba, le temps n’est plus à la « négociation ». « Quelle négociation peut-il y avoir. Il y en a déjà eu trop ! », a-t-il poursuivi. Le Conseil constitutionnel a outrepassé ses prérogatives en prononçant la victoire de Laurent Gbagbo, estime encore Yacouba Bamba. Conformément à la loi électorale ivoirienne, a-t-il fait savoir, une fois en possession des procès-verbaux électoraux et des requêtes du camp Gbagbo, le Conseil avait deux choix : accepter les résultats de la CEI ou demander la reprise du processus électoral.

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