Côte d’Ivoire : vers un affrontement entre l’armée et les mutins ?


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Des troupes de l’armée régulière ivoirienne avancent ce dimanche vers Bouaké, la deuxième plus grande ville de Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une opération lancée par le chef de l’état Major des armées « pour rétablir l’ordre »après trois jours de mutinerie au sujet des paiements des primes et des arriérés de salaire.

Au moins huit personnes ont été blessées et une est décédée dans la ville, Bouaké ou les mutins ont tiré pour empêcher une manifestation de la population civile qui leur était opposée.

« Ces actes d’une extrême gravité sont contraires à la mission de protection assignée aux forces armées. En conséquence, une opération militaire est en cours pour rétablir l’ordre« , a déclaré le chef d’état-major militaire Sekou Touré dans un communiqué.

Le gouvernement avait jusqu’à ce dimanche empéché une confrontation directe avec les mutins, mais la répression de la manifestation a changé la situation et un grand convoi militaire est arrivé dans la ville de Tiebissou, à environ 60 km au sud de Bouaké, ce dimanche après-midi. Contacté par Reuters, un soldat du convoi a déclaré qu’il ne s’arrêtait que peu de temps avant de continuer la route vers Bouaké.

Toujours la question des salaires et primes non payées

Un porte-parole de la mutinerie, le sergent Seydou Koné, a déclaré: « Nous avons rencontré les soldats à Tiebissou et ils nous ont demandé de déposer nos armes et de nous rendre. Nous avons refusé et nous demandons notre argent d’abord … Nous les attendons.  »

Le soulèvement des soldats, la plupart des ex-combattants rebelles qui se sont battus pour amener le président Alassane Ouattara au pouvoir, a débuté à Bouaké vendredi avant de se répandre rapidement dans d’autres villes dont la capitale, Abidjan. Ce conflit est la suite de la révolte de janvier dernier où les soldats demandent le paiement d’arriérés de salaire et le versement des primes promises.

Après avoir laissé le trafic circuler plus tôt dans la journée, les mutins ont encore fermé Bouaké, qui se trouve sur l’axe principal entre la capitale commerciale Abidjan, l’un des plus grands ports de la région, et les pays voisins du littoral Mali et Burkina Faso.

La Côte d’Ivoire est l’une des économies les plus dynamiques au monde après une décennie de crise politique qui s’était terminée par la guerre civile de 2011. Mais des divisions profondes persistent, en particulier dans une armée réunissant d’anciens combattants rebelles et loyalistes et la récente crise du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, a assèché les finances du pays.

Les mutins ont reçu 5 millions de francs CFA (8 400 dollars) chacun afin de mettre fin à la révolte de janvier. Mais le gouvernement a résisté pour ne pas payer les bonus restants de 7 millions de francs CFA, à cause d’un budget frappé par l’effondrement du prix du cacao, principale exportation de la Côte d’Ivoire.

Jeudi, à la suite d’une réunion avec les autorités à Abidjan, un porte-parole du groupe a déclaré qu’ils abandonneraient les demandes d’argent restant mais cette décision a été rejetée par certains soldats. « Nous voulons simplement notre argent. Nous resterons jusqu’à ce que le président nous paie« , a déclaré Koné.

La population contre les rebelles

Le ministre de la Défense a promis de ne pas négocier avec les troupes renégates et la colère publique contre les mutins augmente.

Les soldats ont utilisé leurs armes pour repousser une manifestation contre la mutinerie dans le centre-ville de Bouaké ce dimanche matin.

Un témoin a vu cinq personnes qui avaient été emmenées à l’hôpital principal de la ville avec des blessures par balle après la marche avortée. L’une d’entre elles est décédés peu de temps après. D’autres manifestants ont également été battus.

Une autre protestation a également été interrompue par les mutins dans la ville du nord de Korhogo dimanche, les participants ont déclaré, bien qu’il n’y ait pas eu de victimes là-bas.

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