Le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Seydou Diarra, auréolé des pouvoirs que le président ivoirien lui a délégué en début de semaine, doit annoncer ce jeudi la composition du gouvernement de réconciliation nationale. Mardi, toutes les parties prenantes de la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo compris, se sont rencontrées à l’occasion de la première réunion du Conseil national de sécurité.
Les points de blocage qui interdisaient toute avancée dans la constitution du gouvernement de réconciliation, décidée le 24 janvier dernier dans le cadre des accords de Marcoussis, connaissent des développements heureux depuis cinq jours. Le Conseil national de sécurité (CNS), créé samedi à l’issue de la table ronde d’Accra, et chargé de désigner les futurs ministres de l’Intérieur et de la Défense, s’est réuni mardi à Yamoussoukro. L’occasion pour le président Laurent Gbagbo de s’asseoir pour la première fois depuis le début de la crise (19 septembre 2002), autour d’une table avec les rebelles. Lundi, il avait délégué de larges pouvoirs au Premier ministre Seydou Elymane Diarra, qui les attendait depuis le 24 janvier dernier, date de sa désignation à son poste. L’annonce de la composition de son gouvernement est attendue pour jeudi, mais la répartition des portefeuilles est déjà connue.
39 ministères attribués sur 41
» Les consultations se poursuivent « , a simplement déclaré Seydou Diarra à l’issue de la réunion du CNS. Les autres participants ont quitté la salle de réunion sans dire un mot alors que les rebelles, après être sortis par une porte dérobée, étaient ramenés à Bouaké par un hélicoptère de l’armée française, selon l’AFP. Aucune information et aucun nom n’ont filtré quant aux personnalités susceptibles d’occuper les postes de ministres de l’Intérieur et de la Défense.
Les 39 autres départements ministériels ont déjà été distribués. Avec dix ministères, dont celui de l’Economie et des Finances, le Front populaire ivoirien (FPI) du président Gbagbo est le mieux loti. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de feu Félix Houphouët-Boigny, qui décroche les Affaires étrangères, et le Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Ouatarra, qui obtient la Justice, se retrouvent avec sept ministères chacun. Avec le même nombre de portefeuilles, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) reçoit le ministère de la Communication. L’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UPDCI) et le Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) obtiennent chacun deux ministères. Les deux mouvements rebelles de l’ouest, Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (Mpigo) et Mouvement pour la justice et la paix (MJP), seuls absents ce mardi, reçoivent un ministère, tout comme le Mouvement des forces d’avenir (MFA) et l’Union démocratique citoyenne (UDCI).
Les 16 travaux de Diarra
C’est en collaboration avec ce gouvernement pléthorique que Seydou Diarra devra s’attacher à relever le pays. Le Premier ministre ivoirien s’est vu déléguer seize domaines de compétence par son président, mais la priorité est donnée au rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, au désarmement des forces rebelles et à la restructuration des forces de sécurité et de défense. Le décret signé par Laurent Gbagbo fixe à Seydou Diarra des missions de tous ordres, dont celle de poursuivre » les opérations d’identification [dont les accords de Marcoussis demandaient la suspension] et d’élaborer un projet de loi spéciale de naturalisation « . C’est en partie sur cette question que les rebelles s’étaient appuyés pour prendre les armes en septembre 2002.