Dimanche dernier, l’opposition ivoirienne, avec comme chef de file Henri Konan Bédié, appelait la population à la désobéissance civile. Près d’une semaine après, quel bilan peut-on faire de cet appel ?
Une bonne partie de la population ivoirienne est en désaccord avec le troisième mandat que le Président Alassane Ouattara ambitionne de faire. Cela est un fait. Et depuis que le chef de l’Etat ivoirien a clairement acté son intention, le 6 août dernier, de violentes manifestations agitent plusieurs villes du pays, avec déjà des morts, des blessés et des arrestations.
Dans ces conditions, on pouvait légitimement s’attendre à voir la population répondre massivement à l’appel de Henri Konan Bédié qui, depuis le dimanche dernier, a invité les Ivoiriens à une désobéissance civile. Presque une semaine après, la vie suit son cours normal dans le pays. L’appel est resté comme de l’eau versée sur le dos du canard.
Presque pas d’effet. Les populations continuent, d’une façon générale, de vaquer à leurs occupations ordinaires. Non pas parce qu’elles ne voient pas le bien-fondé de la sollicitation de l’opposition, mais par réalisme, comme le confie cet agent de la mairie de Botro à Koaci.com : « Nous sommes d’accord avec l’appel du Président Bédié, que je respecte beaucoup, personnellement… Si jamais on se met à désobéir comme il le suggère-là, je pense très bien que ça sera le renvoi pour nous autres qui sommes des pères de famille et qui avons plusieurs charges. En ce qui me concerne, c’est une lutte silencieuse que je fais à mon humble niveau. Faut pas chercher problème actuellement ».
Même son de cloche du côté de quelques militants FPI de Brobo : « L’heure n’est pas de se faire mater actuellement par des forces de l’ordre aux ordres. L’appel du Président Bédié en présence du professeur Assoa Adou, nous l’avons bien reçu. Nous allons agir en masse et ça viendra », ont confié certains parmi eux.
Il faut préciser que si la grande partie de l’opposition s’est alignée sur l’appel à la désobéissance civile, tel n’est pas le cas de Kouadio Konan Bertin, dissident du PDCI, et candidat à l’élection présidentielle. Il se dit contre cet appel qui, pour lui, est source de division du pays. « D’abord, je n’ai pas été associé ni convié. La Côte d’Ivoire a besoin de paix. Je ne participe pas à ce qui divise la Côte d’Ivoire. Je ne cautionne pas ce genre d’aventure », a-t-il déclaré sur les antennes de RFI.
Pour galvaniser les troupes, l’opposition entend organiser, ce samedi 26 septembre 2020, pour passer à la phase active de la désobéissance civile. Reste à savoir si la population va suivre les leaders politiques cette fois-ci.