Côte d’Ivoire : un gouvernement pour préparer les élections ?


Lecture 2 min.
Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Le général Robert Gueï, homme fort d’Abidjan depuis décembre, veut-il devenir plus fort encore et se maintenir au pouvoir en dépit de ses promesses ? La composition du « gouvernement – surprise » nommé hier pourrait l’indiquer.

Il n’y aura aucun représentant du Rassemblement des républicains (RDR, libéral) dans le gouvernement nommé vendredi par le général Robert Gueï, président « par intérim » et nouvel homme fort de la Côte d’Ivoire depuis décembre dernier. Henriette Diabaté, qui était annoncée comme la seule RDR reconduite – à son poste de ministre de la Culture – a décliné l’offre. Alassane Ouattara, le président son parti, a en effet jugé impensable de participer à une équipe intégrant huit des neuf militaires de la junte qui a pris le pouvoir en décembre dernier.

Par son coup de théâtre institutionnel, le général Gueï, qu’on a présenté comme un militaire vertueux, attaché à recréer la paix civile dans le pays avant de restituer, au plus tard en octobre prochain, le pouvoir aux civils, manifeste une intention de demeurer aux affaires. Le coup de théâtre fait-il partie d’un coup d’Etat dilué dans le temps ? Certains éléments vont, en tous cas, dans un sens opposé à celui de la démocratie. Certes, la coalition mise en place en janvier entre les militaires et les principaux partis – à l’exception du PDCI de Konan Bédié – fontionnait difficilement. Mais cela justifiait-il de doubler le nombre de militaires, d’exclure le RDR et surtout de nommer six nouveaux ministres PDCI ?

Retour de l’ivoirité ?

Par ailleurs, de nombreuses brutalités policières et militaires ont touché des victimes bien précises ces dernières semaines. Cela a été le cas, tout dernièrement, pour quatre journalistes molestés après avoir critiqué le général-président.

L’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, plus que jamais candidat à la présidentielle, peut être inquiet à plus d’un titre. D’abord parce que Gueï estime qu’aucun candidat « ne doit s’être prévalu d’une autre nationalité » ; on sait que Ouattara fut, autrefois, un représentant de la Haute-Volta (le Burkina d’aujourd’hui) dans les instances internationales. Par ailleurs, cette attitude étroite du pouvoir pourrait signifier un retour à la « politique d’ivoirité » qui a failli mettre le pays à feu et à sang et qui a causé la déchéance de Henri Konan Bédié, l’ancien président déposé par la junte militaire.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News