
La lutte contre le narcotrafic en Côte d’Ivoire prend une tournure inattendue. La justice condamne plusieurs hauts responsables de la gendarmerie pour leur implication dans un vaste trafic de drogue.
Armand Agnin Angbonon, ancien commandant de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan, son frère et un autre officier détournent une partie d’une importante saisie de cocaïne.
Une affaire qui ébranle les forces de l’ordre
En 2022, un suspect arrêté à Abidjan fait des révélations aux enquêteurs. Il accuse des gendarmes d’avoir volé une partie de la drogue saisie. L’enquête, menée discrètement, remonte jusqu’à Amangnangnon Abonon, chef de la cellule antidrogue du port. Son frère, le lieutenant-colonel Jean-Claude Abonon, et le capitaine Jesson Biricha, chargé de la lutte contre le trafic de stupéfiants, sont également impliqués.
Un verdict marquant et un procès à huis clos
Après plusieurs mois d’investigations, la justice ouvre un procès à huis clos en novembre 2024. Le 5 mars 2025, le verdict tombe. Les principaux accusés écopent de cinq ans de prison ferme. Face aux preuves, ils finissent par avouer. Ils détournent dix sacs de cocaïne, soit environ 220 kg, sur une saisie totale de 1,56 tonne en février 2021.
Six autres gendarmes, également poursuivis, sont acquittés. Leur avocat, Jean Serge Gbougnon, dénonce une injustice. Il affirme qu’ils n’ont fait qu’exécuter les ordres de leurs supérieurs en transportant la drogue, sans connaître la finalité frauduleuse. Selon lui, leurs deux années de détention restent injustifiées.
Une Côte d’Ivoire sous la pression du narcotrafic
La Côte d’Ivoire devient une plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest. En 2022, les autorités saisissent plus de deux tonnes de cocaïne. Un chiffre dérisoire face aux volumes réels en circulation. Ce scandale expose les failles du système antidrogue et révèle la corruption qui gangrène certains services.
Ce n’est pas une première. En mai 2024, la justice condamne treize personnes à dix ans de prison pour trafic de drogue. Parmi elles, des membres des forces de l’ordre et des responsables politiques. Le commandant de la base navale de San Pedro et un élu du Conseil régional figurent parmi les condamnés. Cette récidive confirme l’ampleur du problème et la difficulté des autorités à endiguer ce fléau.
La condamnation de ces officiers envoie un signal fort. Mais elle ne règle pas les défis de la lutte antidrogue en Côte d’Ivoire. L’État doit renforcer les contrôles et les sanctions au sein des forces de l’ordre. Reste à voir si ces condamnations suffiront à restaurer la confiance et à dissuader d’autres dérives.