Le premier ministre ivoirien, Affi N’Guessan, entame, à partir de ce mercredi jusqu’au 18, une tournée européenne qui le conduira de Bruxelles à Paris. Objectifs : récolter 10 milliards de FF et redorer l’image de son pays.
La tournée européenne d’Affi N’Guessan, Premier ministre ivoirien, s’annonce acrobatique. Il doit réunir 1 000 milliards de F CFA (10 milliards FF) nécessaires au redécollage de l’économie ivoirienne, mise à mal par l’instabilité chronique du pouvoir, et convaincre que l’Etat ivoirien est fréquentable. Au cours de sa conférence de presse, tenue mardi à Abidjan, le Premier ministre exclut » tout procès devant un tribunal de la coopération « . En clair, il refuse de lier aide économique et démocratie.
Les autorités ivoiriennes préfèrent qualifier cette tournée de » mission d’explications « . » La consultation avec les instances de l’UE ne sera rien d’autre qu’un dialogue politique au cours de laquelle seront examinés, ensemble, les voies et moyens pour permettre à la Côte d’Ivoire de se repositionner et de poursuivre sa marche en avant « , précise Affi N’Guessan. Ce discours reste à usage interne, à l’intention de la population ivoirienne.
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La situation économique de la Côte d’Ivoire est catastrophique, à la limite de la cessation de paiement. Abidjan met ses derniers espoirs sur la générosité de Paris. Il est urgent pour l’Etat ivoirien de trouver 127 milliards de FCFA, montant correspondant aux arriérés dus à la Banque mondiale. Selon le Premier ministre, la France a déjà indiqué clairement son intention d’accorder un » crédit relais » de 100 milliards de FCFA à la Côte d’Ivoire. Pour le moment, Paris ne confirme pas cette information même si Chirac et Lionel Jospin semblent soutenir le président ivoirien Laurent Gbagbo.
Avant son départ pour Bruxelles, Affi N’Guessan a demandé une trêve politique et sociale à l’opposition. » La trêve politique que nous sollicitons doit être perçue davantage comme une éthique de discernement et de responsabilité qu’une capitulation. Accordez-nous un an de trêve et vous aurez dix ans de bien-être « . Le parti d’Alassane Ouattara, le RDR, pose six conditions, toutes liées aux libertés syndicales et politiques, pour accepter la main tendue d’Affi N’Guessan.