Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, a affirmé mercredi que la force est la seule solution qui reste pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. Après les sanctions qui n’ont produit aucun effet, il appelle la communauté internationale à passer à l’offensive. A ce jour, l’ONU fait état de 173 personnes tuées en Côte d’Ivoire.
Guillaume Soro est passé à la vitesse supérieure. « Il est évident qu’il n’y a qu’une solution qui reste, celle de la force», a-t-il déclaré mercredi sur la chaine de télévision ITélé. Il a appelé la communauté internationale à recourir à la force pour mettre un terme au refus de Laurent Gbagbo à céder le pouvoir. «Je demande au Conseil de sécurité des Nations unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine et à la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) d’envisager la force», a-t-il insisté. Selon lui, «la situation sécuritaire est très préoccupante en Côte d’Ivoire ». Ces déclarations interviennent au lendemain du discours de Laurent Gbagbo, président contesté, qui refuse, malgré les pressions internationales, de quitter le pouvoir.
Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération, a rejeté l’appel à recourir à la force de Guillaume Soro. « La France ne peut en aucune manière recommander le recours à la violence et il revient aux pays africains d’en décider. Il s’agit de respecter la démocratie. Le faire par la force n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes. Je ne vois pas l’Onuci déclarer la guerre à une partie des Ivoiriens contre une autre partie », a-t-il déclaré jeudi matin sur RFI.
173 morts
La situation reste toujours très tendue en Côte d’Ivoire. L’Organisation des nations unies fait état de 173 morts depuis le 16 décembre, alors que Guillaume Soro accuse les militants pro-Gbagbo d’avoir tué 200 personnes depuis la répression de la marche des partisans d’Alassane Ouattara, le 16 décembre. Dans un entretien accordé au quotidien Libération jeudi, ce dernier a sollicité l’envoi d’une mission de la Cour pénale internationale. « Nous attendons que la CPI puisse envoyer une mission en Côte d’Ivoire, établir la responsabilité des uns et des autres, et que tous ceux qui sont impliqués d’une manière ou d’une autre soient transférés à La Haye », a-t-il déclaré. Face à cette situation de crise, François Baroin, porte parole du gouvernement français, a recommandé mercredi à « tous les Français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d’Ivoire ».
La CEDEAO tente aussi de dénouer le problème. Elle se réunira vendredi en sommet extraordinaire, à Abuja, au Nigéria, pour examiner les récents développements de la crise post-électorale ivoirienne. Après avoir déjà suspendu le pays de ses rangs et demandé en vain au président sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.
Alors qu’actuellement la communauté internationale met tout en œuvre pour apaiser la situation du pays, le ministre de la Jeunesse et leader des Jeunes patriotes Charles Blé Goudé, fidèle à Laurent Gbagbo, a lancé un appel jeudi à une manifestation pacifique le 29 décembre à Abidjan. L’imbroglio politique en Côte d’Ivoire n’est pas arrivé à son terme.