Le procédé semble classique en Afrique. Comme l’a fait le Président sénégalais Macky Sall alors qu’il mettait en touche ses potentiels adversaires politiques, le Président ivoirien Alassane Ouattara lui emboîte le pas en traquant ses principaux rivaux.
En perspectives de la Présidentielle de 2019, le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall, conscient du poids électoral de deux prétendants au fauteuil présidentiel, n’a pas cherché midi à quatorze heures. Le dirigeant sénégalais n’a pas trouvé meilleure stratégie que de tenir l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et l’héritier de son prédécesseur, Karim Wade, loin du scrutin présidentiel. Si après un séjour carcéral, le fils d’Abdoulaye Wade a été extirpé du Sénégal nuitamment en direction de Dubaï dans des circonstances à ce jour floues, l’édile de la ville, lui, a vécu la Présidentielle à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss (Dakar).
Tous deux avaient été délestés de leurs droits civiques, donc hors course pour le scrutin présidentiel. Karim Wade interdit de séjour au Sénégal, Khalifa Sall en prison, la situation permettait ainsi à Macky Sall de faire face à des adversaires moins redoutables, tels que le patron du parti Rewmi, Idrissa Seck, qui a perdu de sa superbe depuis qu’il a eu une position ambiguë envers Me Abdoulaye Wade, en 2007, et Sonko Ousmane, un novice, qui aura tout de même marqué les esprits, mais sans inquiéter le Président Sall qui retrouve ainsi son moelleux fauteuil.
Et à scruter de près le scénario qui est en train de se dérouler en Côte d’Ivoire, l’on devine aisément que le Président Alassane Ouattara n’a pas cherché loin. En effet, l’histoire semble bégayer. Alassane Ouattara, qui entretient le doute sur sa candidature à la Présidentielle de 2020, a emboîté le pas au dirigeant sénégalais en déclenchant une série de poursuites contre ses potentiels adversaires. D’abord contre le patron du GPS, Guillaume Soro, accusé de vouloir déstabiliser la Côte d’Ivoire et visé par un mandat d’arrêt international. Ensuite, la condamnation de Charles Blé Goudé à une peine de 20 ans de prison.
Le paradoxe en Côte d’Ivoire est que ce même Charles Blé Goudé, d’abord emprisonné dans son pays, a été livré à la CPI pour être jugé. Après des années de procès, le leader des jeunes patriotes a été acquitté par la CPI. Sauf que la Côte d’Ivoire, qui visiblement n’a pas réussi à éloigner Blé Goudé du pays comme elle l’aurait souhaité en usant des services du « bourreau » CPI, a changé de stratégie, prononçant une lourde peine à son encontre et ainsi le tenir loin de l’élection présidentielle qui se profile à l’horizon.
Tout compte fait, Alassane Ouattara, sans gêne, a tenu à l’écart des personnes susceptibles de bouleverser la tendance lors du scrutin de 2020. A l’image de son voisin du Sénégal, le Président Macky Sall.