Le 30 octobre dernier, la résolution 1633 de l’ONU a prolongé de douze mois, le mandat du Président ivoirien Laurent Gbagbo. Ce dernier a été chargé de nommer très rapidement un Premier Ministre de transition. Cette nomination, qui doit être faite en accord avec toutes les parties signataires de l’accord Linas-Marcoussis, fait l’objet d’un débat national opposant le clan présidentiel et l’opposition regroupée au sein du G7.
Le 30 octobre dernier, la résolution 1633 de l’ONU prolongeait le mandat présidentiel du chef d’Etat ivoirien Laurent Gbagbo pour une période d’un an, à condition que soit nommé dans les plus brefs délais, un Premier Ministre « acceptable par toutes les parties ivoiriennes signataires de l’accord Linas-Marcoussis ». Depuis le sujet est au cœur des préoccupations de chacun des partis politiques, tant au sein du directoire du G7 (regroupant l’opposition politique et la rébellion des Forces Nouvelles) qu’au Front Populaire ivoirien (FPI), partie du Président Gbagbo. La tension est à son comble dans les deux camps car chacun souhaite imposer le candidat de son choix. Ainsi la course au Premier ministre bat son plein en Côte d’ivoire depuis plusieurs jours, notamment depuis l’arrivé du Président nigérian Olusegun Obasanjo, également président de l’Union africaine (UA).
Un Premier Ministre qui convient à toutes les parties
Aussitôt arrivé à Abidjan, Olusegun Obasanjo accompagné du représentant du Président sud africain Thabo Mbeki, médiateur de l’UA dans la crise ivoirienne, s’est entretenu avec les différents protagonistes du conflit pour les persuader de s’entendre sur un candidat. Il a commencé par un déjeuner de travail avec le Président ivoirien avant d’enchaîner les entretiens à l’ambassade du Nigeria avec les responsables de l’opposition politique et de la rébellion. Après cette visite de 24 heures dans la capitale ivoirienne, il a établi une liste définitive de seize personnes proposées par les différentes parties pour briguer la Primature, liste qu’il leur a transmis le 6 novembre dernier. Sur les seize noms, il semblerait que le FPI et ses alliés en aient suggéré neuf et le G7 sept.
Trois noms semblent avoir la faveur des différents protagonistes qui doivent donner leur réponse définitive le 10 novembre. Ainsi Guillaume Soro est le principal candidat proposé par les FN qui l’avait déjà proclamé Premier Ministre à la fin du mois dernier. A leur yeux, il est le seul leader que Gbagbo ne peut pas manipuler. Jacqueline Oble, ex-ministre de la Justice, actuellement présidente de la section ivoirienne du Réseau des femmes ministres et parlementaires (REFAM-MP-CI) et seule femme de la liste a le soutien de Simone Gbagbo. Et Seydou Diarra, actuel Premier Ministre dont la candidature avait été annoncée par Henri Konan Bédié en septembre dernier, est paru cependant sans soutien. Reste à savoir si les deux camps arriveront à se mettre d’accord sur un nom.
Le rebelle, la juriste et Seydou Diarra
Selon le quotidien d’information 24 Heures, le Président ivoirien « menace de s’opposer au choix d’un Premier Ministre qui lui serait défavorable », il n’est pas prêt à l’accepter. Il aurait fait savoir au Général Philippe Mangou, chef d’Etat major des Armées que « conformément à la Constitution ivoirienne, c’est à lui Gbagbo qu’il revient de signer le décret de nomination du Premier Ministre. Et que de ce fait, il se réserve le droit de s’opposer à la nomination de toute personnalité qui n’adhère pas à sa vision des choses ».
Le directoire du G7 refuse que ce soit Laurent Gbagbo qui leur impose un Premier ministre. Cependant, à 24 heures de la publication de la liste définitive des candidats proposés par chacun des partis, la coalition de quatre partis d’opposition et des trois mouvements rebelles peine encore à s’accorder sur un candidat. Henri Konan Bédié, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et doyen de tous les leaders du G7 a ainsi multiplié les concertations avec toutes les parties du directoire depuis quelques jours sans parvenir à un consensus. La situation est telle que certains parlent de « crise de la nomination du Premier Ministre ».
Par Vitraulle Mboungou