Côte d’Ivoire : qui est Abou Drahamane Sangaré, ce « gardien du temple » ?


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Abou Drahamane Sangaré est l’un des grands personnages de l’histoire politique ivoirienne du Front populaire ivoirien (FPI). Partisan de la première heure de l’ex-Président Laurent Gbagbo avec qui il a participé à créer le parti de la refondation en 1982, il apparaît comme le nouvel homme fort de l’opposition ivoirienne d’où il est sorti de l’ombre.

Abou Drahamane Sangaré est le nouveau « président intérimaire » du Front populaire ivoirien (FPI) nommé en remplacement de Pascal Affi N’Guessan le 5 mars dernier, non reconnu par ce dernier. Ce « gardien du temple » est l’un des membres fondateurs de ce parti aux côtés notamment de l’ex-Président Laurent Gbagbo et de Simone Gbagbo qu’il a nommé première vice-présidente dans le nouvel organigramme qu’il a présenté à la presse, ce jeudi.

« Je suis un Gbagbo ou rien »

Le compagnon de route et l’un des plus fervents partisans de Laurent Gbagbo apparaît de nouveau au grand jour en tant que « président intérimaire » du FPI, nommé pour un mandat de 90 jours. Son lien avec l’ancien chef d’Etat, il l’a forgé au combat, dans les luttes politiques qui les ont opposé au père de l’indépendance Félix Houphouët-Boigny et qui les ont mené en prison, une première fois tous les deux en 1971, puis seul en 1994 et en 1995. Il y retourne à partir d’avril 2011 quand il est arrêté dans la résidence de son fidèle compagnon de route, investi par les rebelles des Forces Nouvelles. Il sera libéré en août 2013.

« Je suis un Gbagbo ou rien », a-t-il déclaré au cours d’une réunion avec l’organisation des femmes du FPI, lundi 16 mars. La confiance entre les deux hommes est réciproque. Secrétaire général du FPI en 1987, il devient président du congrès constitutif du parti en 1988 avant d’en devenir le premier vice-président depuis 2001.

Ce diplômé en doctorat d’Etat, option droit public, est ministre des Affaires étrangères du gouvernement du Président Laurent Gbagbo à partir de 2000, un poste dans l’exécutif que n’a jamais occupé Pascal Affi N’Guessan. Sa légitimité ne vient, pour beaucoup à l’intérieur du FPI, que de sa nomination par l’ancien chef d’Etat actuellement détenu à La Haye.

La flamme du Gbagboisme

Cette éminence grise du FPI est le gardien du temple chargé de maintenir la flamme du « Gbagboisme » au sein du parti. Laurent Gbagbo « n’est pas un nom, c’est un comportement, un idéal des valeurs », déclare-t-il à son sujet. Alors que les dissensions apparaissaient au sein de son parti, depuis plusieurs mois, il est longtemps resté en retrait. Certains militants expliqueront que Pascal Affi N’Guessan ne prenait pas une seule décision sans le consulter.

Sûr de lui, Abou Drahamane Sangaré savait que son heure allait sonner. La majorité des cadres du parti se tournent vers lui, le 5 mars dernier, au cours d’un comité central extraordinaire. Ils le nomment « président intérimaire » pour une période de 90 jours, le temps de reprendre en main le parti et d’organiser des élections internes afin d’élire un nouveau président.

« Le FPI authentique »

« Reprenons le FPI authentique et originel. Un FPI qui n’est pas dans la compromission et le compromis de toute sorte. Un FPI qui n’est pas encore frelaté. Si moi je vais à un congrès, c’est pour demander que le Président Gbagbo soit mon candidat et reprenne le parti. Le FPI est toujours là et résiste », a-t-il récemment indiqué.

Sa ligne directrice est claire. « Tant qu’il n’est pas là, on ne peut pas se réconcilier », assène-t-il au sujet de son fidèle compagnon de route. Convoqué devant les tribunaux, ce vendredi, à la suite d’un recours en justice de Pascal Affi N’Guessan qui qualifie d’ « illégitime » la nomination d’Abou Drahamane Sangaré, l’avenir politique de celui qui a été condamné à 5 ans de prison dans un procès aux côtés de Simone Gbagbo est encore incertain.

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