La Côte d’Ivoire est manifestement dans l’impasse. C’est clair. Pendant que l’opposition est dans sa logique de désobéissance civile caractérisée par le boycott du processus électoral, le candidat du RHDP, Alassane Ouattara, lui, poursuit paisiblement sa campagne lancée depuis le 16 octobre, avec un programme de tournées et de rencontres bien précis. Que va-t-il donc se passer ?
L’opposition persiste et signe, pas d’élection avec Ouattara candidat
Jeudi 15 octobre 2020, jour du lancement de la campagne électorale en Côte d’Ivoire. En lieu et place de cette campagne, les deux grosses cylindrées de l’opposition à Alassane Ouattara, l’ancien Président Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, se sont montrés côte à côte devant la presse pour parler d’une même voix. « Nous ne sommes pas du tout concernés par le processus électoral en cours, ce processus électoral est illégal parce qu’il ne répond nullement à aucun critère international », a affirmé Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de circonstance.
« Nos militants, comme les électeurs ivoiriens, doivent s’abstenir d’y participer, tant en ce qui concerne la distribution des cartes électorales, qu’en ce qui concerne la campagne électorale », a-t-il poursuivi, invitant, par ailleurs, ses compatriotes à « faire barrage à ce coup d’État électoral que le Président Ouattara s’apprête à commettre ». La position de l’opposition est donc tranchée. Avec Alassane Ouattara candidat, pas d’élection, le 31 octobre prochain. Cette position a d’ailleurs été confirmée, en ce début de week-end, au cours d’une rencontre, qui a réuni, à Man, des représentants de toutes les tendances de l’opposition : FPI pro-Gbagbo et pro-N’Guessan, PDCI de Henri Konan Bédié, GPS de Guillaume Soro.
Le message a été le même : « Tous les présidents de nos différents partis politiques me chargent de vous dire que le 31 octobre 2020, il n’y aura pas d’élection. Nous ne nous sentons pas concernés par tout ce qui se passe. N’allez pas retirer votre carte d’électeurs, ne participez à aucune campagne électorale. Et tant que M. Alassane Ouattara et tous les autres ne s’asseyent pas pour trouver un terrain d’entente et repartir sur de nouvelles bases, il n’y a aura pas d’élection », a lâché André Tia, délégué communal du PDCI à Man.
Pendant ce temps, Ouattara est en campagne
Pendant que l’opposition maintient sa position, le Président sortant, et candidat du RHDP, Alassane Ouattara, de son côté aussi, s’accroche, écarte toute idée de dialogue ou de transition politique. Le Président ivoirien, qui a lancé sa campagne dans l’après-midi du vendredi à Bouaké, poursuit son chemin, comme si de rien n’était, multipliant meetings et rencontres avec différents groupes de la société ivoirienne.
Vendredi, dans la deuxième ville de Côte d’Ivoire, il avait eu des échanges avec les chefs traditionnels, les religieux et les cadres du Grand Centre. Ce dimanche, le chef de l’Etat ivoirien sera à Man, dans le Grand Ouest où il rencontrera également les mêmes catégories de personnes. Le mardi 20 octobre, il aura des échanges avec le patronat à Abidjan, avant de se rendre, jeudi, à Abengourou où il y a au menu, une rencontre avec le roi, entre autres. Bref, un ensemble de tournées dont la fin aura lieu à Abobo, le jeudi 29 octobre 2020.
Où va finalement la Côte d’Ivoire ?
Avec les positions tranchées qui s’affichent de part et d’autre, la rupture est visiblement consommée entre les deux parties. Et l’inquiétude monte dans le pays. Surtout que des actes de violences ne cessent de se perpétrer par-ci par-là. Ce samedi par exemple, la résidence de Pascal Affi N’Guessan, dans sa ville natale de Bongouanou, a été incendiée. Des individus non encore identifiés mais qui, selon les partisans du FPI, ne pouvaient être que des militants du RHDP, seraient à l’origine de cet acte qui n’est pas un phénomène isolé en cette période pré-électorale en Côte d’Ivoire.
Les voyants sont au rouge, la tension est à son point culminant, et l’inquiétude à son summum, en attendant le 31 octobre.