Direction Yopougon, à Abidjan, où les proxénètes exercent dans la plus grande impunité dans les maquis, pour le plus grand bonheur des clients réguliers.
La flambée du proxénétisme fait rage dans la célèbre cité de Yopougon, à Abidjan la capitale de la Côte d’Ivoire. A en croire un reportage réalisé par Koaci.com, les proxénètes s’exposent et exposent avec fierté leur « prise ». Sans complexe, ceux-ci déballent leur « marchandise » dans une course effrénée vers l’argent. Dans le quartier, la pharmacie Keneya a, depuis dix ans, des voisins pas comme les autres : « Tino » et ses drôles de filles. Tino est un proxénète avéré et squatte le secteur depuis dix ans. Tout semble rouler pour ce natif d’Adzopé : « tous les jours les filles viennent me voir pour payer leur « taxe » de 1 000 FCFA, si elles n’ont pas eu de clients, c’est leur affaire, moi j’encaisse mon argent. »
La réputation de Tino n’est plus à faire. Dans le quartier, tout le monde connaît Tino et « l’efficacité » de la vingtaine de filles qu’il exploite. « J’ai une vingtaine de gonzesses sous la main disponible 24 heures sur 24. J’ai toutes leurs cordonnés, quand quelqu’un me fait signe, peu importe où il se trouve elles atterrissent dans les minutes qui suivent (…) », confie le proxénète. Chaque jour, les filles lui versent individuellement 1 000 FCFA ce qui lui assure un revenu d’environ 20 000 FCFApar jour (30 euros).
Un business fleurissant
Ils sont plusieurs à se partager le marché. A quelques rues plus loin, au niveau de la pharmacie Bel Air, le secteur est géré par Hamed. Son QG, c’est cette menuiserie qui sert de chambre de passe à ses filles une fois la nuit tombée. Originaire de Séguéla, Hamed affirme que son « métier » lui a ouvert certaines portes, notamment avec des personnalités du pays. Ces dernières profitent de la situation pour avoir accès aux prostituées du catalogue d’Hamed.
« Le pays est entre nos mains. Je ne veux pas vous révéler des noms, mais tout le monde demande après mes « petites ». Moi je recrute les filles par catégories. Les formes sveltes (minces) sont actuellement les plus demandées, à cause de la chanteuse Claire Bahi qui fait rêver tous les hommes aujourd’hui. Maintenant, je prends les formes africaines prisées par une autre catégorie d’homme. Les sveltes les plus demandées coûtent 20 000 FCFA la nuit. Moi j’ai 5 000 FCFA sur la prime de la fille, et le client en question aussi me paye 5 000 FCFA. Chaque semaine je m’en sors avec plus de 200 000 FCFA (304 euros), je suis un demi-cadre du pays (rire) », indique ce proxénète.
Un « job » ouvert à tous
Etre proxénète à Abidjan serait un jeu « d’enfants ». Pour accéder à ce « job », il suffit de gonfler son carnet d’adresse de clients potentiels et d’avoir à sa disposition des « filles prêtes à tout », selon des habitués de ce système, dans le quartier de Niango. C’est aussi et surtout un moyen de se faire de l’argent et vite. Les recrutements se font chez les filles qui ont entre 15 et 25 ans. Il vaut mieux être mince plutôt qu’enrobée pour travailler sous les ordres d’un proxénète, c’est la tendance du moment, paraît-il.
Certaines filles travaillent à domicile. C’est au proxénète de trouver les clients et de les envoyer chez elles. « Moi j’exerce en professionnel, je ne veux pas que mes files traînent dans ces milieux. Elles sont chez elles. Mêmes certaines sont mariées. Quand je discute avec mon « pigeon » prêt à me payer 5 000 FCFA pour ma commission et 15 000 FCFA pour la fille, le tour est joué », indique un proxénète qui se dit ancien vigile.
Plutôt que d’être dénoncés, les proxénètes ivoiriens ont au contraire pignon. Ils exercent en toute liberté, sans jamais être inquiétés. Dans cet univers bien ficelé du proxénétisme ivoirien, les populations ignorent bien souvent qu’une bonne partie des filles de joie exercent sous la houlette d’un proxénète.