La mort du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, suivie de la démission du Vice-président Daniel Kablan Duncan pourrait être un scénario perçu comme la fin du Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, alors que c’est tout le contraire.
Décryptage
Amadou Gon Coulibaly, un dauphin qui n’était pas prêt
Alors que l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire est prévue au mois d’octobre 2020, voilà que s’invite le Coronavirus qui ralentit toute activité, y compris politique. Pour ne rien arranger, voilà que le Premier ministre, encore dans les balbutiements, se voit obligé de se rendre en France pour des soins, alors qu’il est désigné candidat de Ouattara pour le scrutin. Durant sa convalescence parisienne, les choses évoluent très vite au pays. Le dinosaure politique Henri Konan Bédié annonce sa candidature. C’est évident, Amadou Gon Coulibaly, quel que soit son coach, ne pouvait faire le poids face à l’ancien Président Henri Konan Bédié. C’est l’inquiétude dans le camp présidentiel. (Mal) heureusement, Amadou Gon Coulibaly, qui avait annoncé être de retour aux côtés de son mentor pour poursuivre sa mission, est mort. Le chef de l’Etat Alassane Ouattara semble mis devant les faits accomplis. Pas totalement, vu sous un certain angle.
Démission du Vice-président en pleines funérailles du Premier ministre
Le décès d’Amadou Gon Coulibaly, désigné par Alassane Ouattara candidat à la Présidentielle d’octobre a complètement changé la donne politique, le parti au pouvoir devant désormais trouver un autre candidat. Et c’est au moment où les questions fusent que le Vice-président de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, âgé de 77 ans, démissionne de son poste. « Le vice-président Daniel Kablan Duncan a remis au président de la République sa démission (…) pour des raisons de convenance personnelle, le 27 février (…). Après plusieurs entretiens dont le dernier a eu le 7 juillet, le Président Alassane Ouattara a pris acte et procédé le 8 juillet à la signature d’un décret mettant fin aux fonctions de M. Kablan Duncan ». Une annonce, véritable surprise, faite lundi 13 juillet par le secrétaire général de la Présidence ivoirienne, Patrick Achi, en plein milieu des obsèques du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Le Président Alassane Ouattara pris la main dans… l’urne
Qu’est-ce qui pressait pour qu’une requête, faite depuis le 27 février, qui a été en mesure d’être rangée dans les tiroirs pendant près de cinq mois, ne puisse pas être différée pour quelques semaines, le temps d’attendre que Gon Coulibaly repose en paix, sous terre. Et c’est au moment où certaines Ivoiriennes et certains Ivoiriens pleurent leur Gon national, que Alassane Ouattara a le temps, la tête et l’esprit de prendre « acte et procédé le 8 juillet à la signature d’un décret mettant fin aux fonctions de M. Kablan Duncan ». Un dossier que Ouattara a ignoré, depuis le début du Coronavirus, au beau milieu de la pandémie. Au moment où le Covid-19, qui est en train de dévaster la Côte d’ivoire, dont l’angoisse a été corsée par la disparition tragique du Premier ministre, Alassane Ouattara a eu le temps, le cœur et le… culot de dépoussiérer un dossier non urgent, qui date de 5 mois.
Il y a des non-dits en Côte d’Ivoire. Beaucoup de non-dits. Et à l’heure actuelle, le Président Alassane Ouattara, qui avait annoncé en mars qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, pourrait finalement être candidat. On peut même dire, sans risque de se tromper, qu’il sera candidat.