C’est reparti. « Le problème » du mandat présidentiel de Laurent Gbagbo sera discuté mi-septembre, à l’occasion d’une réunion sur la situation en Côte d’Ivoire, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré Kofi Annan, mercredi, à Yamoussoukro. Le secrétaire général de l’Onu a admis la possibilité de repousser les élections générales d’octobre 2006 de quelques mois, tout en soulevant la menace d’une diminution des finances si le processus de paix n’avance pas plus vite.
Deux dates butoirs fixées pour le désarmement des forces paramilitaires ivoiriennes, préalable aux élections générales, ont déjà été dépassées et repoussées. Alors pourquoi ne pas faire de même avec le scrutin, censé se dérouler fin octobre prochain ? Mercredi, Kofi Annan a réuni autour de lui le Président Laurent Gbagbo, le chef des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, des représentants de l’opposition ainsi que les chefs d’Etat médiateurs nigérians et sud-africains, Olusegun Obasanjo et Thabo Mbeki, pour faire le point sur la situation dans le pays. Tous ont réaffirmé la nécessité de réaliser le désarmement avant le 31 juillet, afin de pouvoir tenir la date des élections. Cinquante audiences foraines (séances d’identification de la population) « devraient être organisées d’ici le 15 juillet sur l’ensemble du territoire », ont également décidé les participants. Mais « la certitude est désormais faite sur l’impossibilité matérielle d’organiser les élections générales dans quatre mois », estimait Le Nouveau Réveil avant la tenue du sommet.
Le secrétaire général de l’Onu l’a lui-même admis, tôt dans la semaine, même si le retard ne dépassera pas, selon lui, l’année en cours. « A l’évidence, si à un certain stade nous décidons que des ajustements au calendrier sont nécessaires, il nous faudra nous réunir à nouveau pour le faire », a-t-il expliqué. En visite à Paris pour s’assurer du soutien politique et financier de la France, le Premier ministre ivoirien, Konan Banny, avait utilisé en avril dernier un vocabulaire qui en disait long sur ces incertitudes quant à l’organisation des scrutins, présidentiel notamment. « Même si le délai est court, nous avons un peu plus de chances (…) S’il n’y a pas d’autres problèmes inattendus qui se dressent (…) nous avons de bonnes chances d’y aller », avait il déclaré aux journalistes venus l’écouter au Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape), à Paris.
« Le problème » du mandat de Laurent Gbagbo discuté en septembre
Afin de réduire au maximum la durée de l’éventuel report, Koffi Annan a annoncé la constitution, avant le 15 juillet, d’un groupe de suivi du processus de désarmement. Il sera composé des chefs d’états-majors des forces loyalistes, rebelles et des forces impartiales (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire et force française Licorne). Quant au mandat de Laurent Gbagbo, prolongé d’un an, jusqu’au 30 octobre 2006, par la résolution 1663 de l’Onu : « ce problème sera débattu lors de l’Assemblée générale » de septembre prochain, en marge de laquelle une réunion sur la Côte d’Ivoire sera organisée, a indiqué Koffi Annan. Le Patriote, quotidien proche du RDR (Rassemblement des Républicains, parti d’Alassane Ouattara), demande déjà à ce que Laurent Gbagbo ne soit pas reconduit, afin qu’il n’utilise pas « les biens de l’Etat » pour la campagne présidentielle et que tous les candidats soient sur « la même ligne de départ ».
Le communiqué officiel du sommet de mercredi indique que les participants « se sont félicités de l’intention du secrétaire général de l’Onu d’organiser une réunion mi-septembre, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies, pour faire le bilan de la situation (en Côte d’ivoire) et, le cas échéant, prendre toute autre mesure ». Faire le bilan à deux semaines du scrutin signifie sans doute que celui-ci va rester virtuel. Mais aussi que Laurent Gbagbo sera jugé et qu’il devra manœuvrer aussi habilement que l’année passée, avec les Nations Unies, pour rester à la tête de la Côte d’Ivoire. Son parti, le FPI (Front patriotique ivoirien), a pour sa part déjà apprécié le travail de Konan Banny, fin mai dernier, à travers un « mémorandum » qui le rendait responsable du « maigre bilan » de la feuille de route et du « processus de paix [qui] piétine ».
Autre moyen de pression pour le secrétaire générale de l’Onu : les finances. Il n’y a « rien de pire qu’un programme en panne de financement », avait déclaré le Premier ministre lors de son passage à Paris. Même s’il a trouvé la réunion « particulièrement constructive » et s’est réjoui des « mesures et dates spécifiques » approuvées, Koffi Annan a indiqué que ces « accords ont une lacune au sujet du financement (…) Mais s’il y a des progrès réels dans le processus, a-t-il ajouté, je ne doute pas un seul instant que la communauté internationale le financera ».