Pascal Affi Nguessan, le président du parti au pouvoir, a conseillé aux membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest de soutenir la politique du président Laurent Gbagbo, sous peine de voir leurs ressortissants molestés par le peuple ivoirien. Vendredi, les membres du Cedao doivent tenir un sommet, au Nigéria, consacré à la crise ivoirienne.
Le président du Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir), l’ancien Premier ministre Pascal Affi Nguessan, a proféré des menaces, lundi à Abidjan, à l’endroit des ressortissants des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vivant en Côte d’Ivoire. Selon lui, ils pourraient faire les frais de la colère des populations, si d’aventure les dirigeants de leurs pays respectifs ne « vont pas dans la voie » que propose le régime du président Gbagbo Laurent. « Préparez-vous pour la fin de la semaine. La CEDEAO va se réunir. Ce que nous disons, c’est pour eux. Quand ils vont prendre la décision, il ne faut pas qu’ils oublient qu’ils ont des milliers de ressortissants ici. Que chacun pense à ses ressortissants qui sont en Côte d’Ivoire avant de parler. Ils doivent remuer la langue sept fois avant de parler », a notamment prévenu M. Affi Nguessan. »Que chacun pense à ses rapports économiques avec la Côte d’Ivoire.Parce que, s’ils parlent pour mettre le désordre et le feu ici, on ne sait pas ce qui va se passer. Dans tous les cas, ce que nous venons de dire n’est pas négociable. Il faut qu’ils (ndrl: les chefs d’Etat de la CEDEAO) acceptent d’aller dans la voie que nous proposons », a poursuivi le président du parti au pouvoir qui s’adressait aux militants de son parti à Mossikro, un quartier précaire de la capitale économique.
Les directives d’Affi Nguessan
Toujours menaçant, l’ancien Premier ministre du président Gabgbo Laurent, qui a entamé depuis la semaine dernière une campagne de mobilisation et de sensibilisation de ses troupes pour obtenir le départ de la Force française Licorne de Côte d’Ivoire, a interdit aux chefs d’Etat ouest-africains de parler de certains sujets. »Qu’ils n’évoquent même pas les questions de pouvoir et de Constitution de la République de Côte d’Ivoire. Mais qu’ils disent qu’il faut désarmer les rebelles parce que la rébellion a été condamnée. Ce n’est pas une bonne chose pour notre pays. Le seul sort qu’on puisse réserver aux rebelles, c’est le désarmement obligatoire. C’est tout ce qu’on attend d’eux », a-t-il encore indiqué.
Affi Nguessan menacé de sanctions internationales
On rappelle que le premier chef de gouvernement du président Gbagbo Laurent figure sur les tablettes du comité des sanctions de l’Organisation des Nations unies, qui l’a épinglé pour son appel, en juillet dernier, aux militants de son parti et aux « Jeunes patriotes ». Il leur a demandé de s’opposer « par tous les moyens » à la tenue des audiences foraines, destinées à délivrer des jugements supplétifs et des certificats de nationalité aux Ivoiriens qui en sont dépourvus. A la suite de ce mot d’ordre, de nombreux incidents avaient éclaté à Abidjan et dans certaines villes de l’intérieur, provoquant la mort de plusieurs personnes et faisant plus d’une centaine de blessés, ainsi que des dégâts inestimables. M. Affi Nguessan, tout comme M. Mamadou Koulibaly, le bouillant président de l’Assemblée nationale, qui s’est maintenu en fonction en dépit de l’expiration de son mandat, depuis le 16 novembre dernier, n’a dû son salut qu’à l’opposition de la Chine et de la Russie. Les membres du Conseil de sécurité ont demandé un délai de réflexion avant de voter un projet de sanction contre ces deux personnalités, présentées aujourd’hui comme les chefs de file du courant extrêmiste de leur parti, avec Mme Simone Ehivet Gbagbo,l’épouse du chef de l’Etat ivoirien.