Les Casques bleus français de l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire, se rédéploient. A compter du 16 avril prochain, ils commenceront à se retirer de la zone de confiance mise en place en 2003, comme prévu par l’accord de paix signé en mars dernier par les parties ivoiriennes.
La Force française Licorne, sous le commandement des Nations Unies, se redéploie en Côte d’Ivoire suite à l’accord, signé le 4 mars dernier, à Ouagadougou (Burkina Faso), par les parties ivoiriennes. Ce dernier devrait mettre fin à la crise politique qui a entraîné la partition du pays depuis le coup d’Etat manqué de 2002. L’accord prévoit des élections démocratiques d’ici 10 mois. Ainsi le 16 avril prochain, les soldats français commenceront à évacuer la « zone de confiance » comme prévu dans l’accord de Ouagadougou. Une zone tampon, érigée en juin 2003 après la signature d’un cessez-le-feu général le 4 mai de la même année, entre les forces gouvernementales, qui occupent le sud du pays, et les Forces nouvelles (FN) qui règnent sur sa partie septentrionale. L’annonce a été faite vendredi soir sur les antennes de la télévision ivoirienne par le général Fernand Marcel Amoussou, commandant de la Force de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci).
La fin de la zone de confiance
Les Français cèderont leur place à une force mixte composée d’éléments de l’armée régulière et des ex-rebelles, pour ensuite regagner les postes d’observation prévus par l’accord interivoirien. Les soldats de l’opération Licorne ne devraient être désormais présents qu’à Abidjan, la capitale économique, à Yamoussoukro, la capitale politique et à Bouaké, capitale de la zone occupée par les FN. Les soldats français ont entrepris d’informer les populations ivoiriennes de leur prochain départ. Même si cela indique que la paix est proche, elles ne souhaitent néanmoins pas voir les troupes françaises quitter définitivement le pays. Pour les autorités militaires françaises, il n’en est pas non plus encore question. La réduction de leurs effectifs dans le cadre de l’opération Licorne, annoncée le 22 mars dernier, dans un délai de eux mois et demi, à été d’ailleurs présentée comme un « ajustement technique ». Le nombre de soldats français présents en Côte d’Ivoire devrait passer de 3 500 à 3 000 hommes.
Ce qui devrait certainement alléger le budget de Licorne qui coûte, chaque année, 250 millions d’euros à l’Etat français. Et ce depuis bientôt cinq ans. Les forces françaises sont intervenues en Côte d’Ivoire dès le lendemain du putsch au nom des accords militaires qui lient la France et la Côte d’Ivoire. Dès le 22 septembre, le dispositif militaire français du 43e Bataillon d’infanterie de marine (Bima), stationné à Port Bouët (quartier de la ville d’Abidjan), est renforcé par des éléments des forces françaises déjà présentes au Gabon, au Sénégal, à Djibouti et au Tchad. Le 17 octobre 2002, les rebelles signent un accord de cessez-le-feu. Sur la demande du chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbabgo, puis sur celle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), trois jours plus tard, les militaires français sont chargés de le contrôler et de le sécuriser.
Des relations difficiles avec le pouvoir ivoirien
Pourtant les relations entre les militaires français et le régime de Laurent Gbagbo restent tendues. Novembre 2004 sera le point d’orgue de cette tension grandissante. Les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) s’introduisent dans la zone de confiance et bombardent les principales positions tenues par les Forces nouvelles. Lors de ces attaques, le 6 novembre, neuf militaires français sont touchés. La riposte est immédiate : la flotte aérienne des Fanci est neutralisée et l’aéroport d’Abidjan est pris d’assaut pour faciliter l’évacuation des Français installés en Côte d’Ivoire. Car la bataille militaire s’est poursuivie dans la rue. Les Ivoiriens, qui voient dans la réaction française un relent d’impérialisme, descendent dans la rue pour s’opposer aux soldats français. On dénombrera de nombreux morts et blessés parmi les manifestants ivoiriens. Pour beaucoup, les militaires français auraient manqué de sang-froid.
Aujourd’hui, Licorne commence lentement mais sûrement à se désengager de la Côte d’Ivoire, laissant les Ivoiriens face à leur destin et confiants dans l’imminence du retour de la paix. L’annonce du démantèlement de la zone de confiance a coïncidé avec celle de la formation, samedi, du gouvernement de Guillaume Soro, le nouveau Premier ministre ivoirien.