Les pro-Gbagbo toujours dans le collimateur du régime de Ouattara. Le commandant Anselme Séka Yapo, l’ex-garde du corps de Simone Gbagbo, a été inculpé jeudi par le parquet d’Abidjan pour des crimes commis durant les violences post-électorales. Mercredi, le Conseil national de la presse a suspendu six journaux partisans de l’ancien président ivoirien pour avoir diffusé des photos de Laurent Gbagbo et de ses proches incarcérés.
Les Pro-Gbagbo n’ont pas fini d’en découdre avec le régime de Ouattara. Le commandant Anselme Séka Yapo, ex-garde du corps de l’ancienne première dame Simone Gbagbo, a été inculpé jeudi par le tribunal d’Abidjan. Il est incriminé pour « Assassinat, détournement et appartenance à une bande de malfaiteurs ». Il avait fui son pays après les violences post-électorales mais a été interpellé le 15 octobre 2011 à l’aéroport d’Abidjan alors qu’il voyageait sous une fausse identité.
D’autres chefs d’accusations pèsent sur Anselme Séka Yapo. Il est inculpé pour des faits antérieurs à la crise post-électorale. Il figure aussi, selon RFI, parmi les suspects qui auraient pris part à l’assassinat du général Robert Gueï, tué le 19 septembre 2002 dans des circonstances troubles, deux ans après qu’il avait quitté le pouvoir.
La presse partisane de l’ancien président ivoirien a, à son tour, été épinglée par le régime. Le Conseil national de la presse a décidé mercredi de suspendre pendant deux semaines, six journaux partisans de Laurent Gbagbo : Le Temps, Aujourd’hui, Le Nouveau Courrier, Lg Info, Le Quotidien d’Abidjan et L’Alternative. Leur faute ? La publication en quatrième de couverture de photographies représentant Laurent Gbagbo et ses proches emprisonnés, assorties de légendes mentionnant les postes de ministres occupées par ces personnalités pendant la crise post-électorale.
« Le régime de Ouattara est plus fragile qu’il n’y parait »
Cette nouvelle pluie de sanctions à l’encontre des pro-Gbagbo est très mal vécue par les partisans de l’ex-président ivoirien, emprisonné à la Haye depuis novembre 2011. Ils dénoncent « une justice des vainqueurs », estimant être les seuls à être mis sur le banc des accusés depuis que le régime d’Alassane Ouattara est en place. Alors que, pour le moment, aucun responsable pro-Ouattara n’a été interpellé, fin août, plusieurs responsables pro-Gbagbo, dont Laurent Akoun, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI) et le porte-parole de l’ex-président ivoirien Justin Koné Katina, ont été interpellés. D’autres caciques du régime de Laurent Gbagbo, dont Simone Gbagbo, son épouse, et Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, sont toujours en détention surveillée dans différentes régions de la Côte d’Ivoire.
Pour le politologue Michel Galy, spécialiste de la Côte d’Ivoire, contacté par Afrik.com, la pression sur le régime de Ouattara est accrue. Car en « restreignant la liberté d’expression des partisans de Laurent Gbagbo, il se met à dos non seulement les pro-Gbagbo mais aussi des organisations internationales de défense des droits de l’Homme qui ont condamné ces mesures ».
Pourtant le président Ouattara a promis que tous ceux qui ont commis des crimes durant les violences post-électorales seront jugés sans exception. Mais en persécutant les pro-Gbagbo, selon Michel Galy, « il prend le risque de perdre sa crédibilité et son régime pourrait aller vers sa propre fin. Une partie de la population locale en colère pourrait en effet se constituer en lutte armée pour lui résister même si les anciens responsables du régime de Gbagbo prônent une opposition pacifique, par la voie des urnes, explique le politologue. Ouattara est en contradiction avec le processus de réconciliation qu’il a mis en place pour apaiser les tensions ». De plus, son régime est « plus fragile qu’il n’y parait » estime Michel Galy, qui rappelle que « la gendarmerie et la police sont désarmées » et l’armée doit encore se reconstruire.
La Côte d’Ivoire est en effet loin d’être apaisée. L’insécurité occupe toujours le terrain, notamment dans l’Ouest du pays. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont régulièrement accusées de commettre des exactions. D’ailleurs, le président ivoirien les a récemment rappelés à l’ordre pour qu’ils cessent les crimes qu’ils commettent dans le pays. Arrestations arbitraires, violations de domicile, passage à tabac, vols, agressions sexuelles, sont récurrents.
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