Tous les partis politiques sont présents aux élections municipales ce dimanche 25 mars 2001. Une première depuis que le pays affronte une crise politique sans précédent. Pour chacun des leaders de l’échiquier politique, ces scrutins locaux ont valeur de test.
Les scrutins de la paix civile, c’est aujourd’hui ou jamais. Après avoir porté la Côte d’Ivoire au bord du gouffre, la question de la libre représentation de tous les partis politiques aux élections nationales est sur le point de trouver une heureuse issue… grâce à la présence de toutes les formations aux élections municipales de dimanche.
C’est dire si l’enjeu de ces scrutins dépasse celui de la désignation des élus locaux. Compte tenu des troubles qui ont accompagné la campagne présidentielle et les élections législatives,
ils ont valeur de test. Test pour le Rassemblement Des Républicains (RDR), d’Alassane Ouattara, absent des deux précédentes échéances, qui va pouvoir mesurer son poids dans le pays. Test pour le président Laurent Gbagbo, qui porte le boulet de la controverse sur sa légitimité et d’un piètre début en matière de droits de l’homme.
Test pour les bailleurs de fonds qui conditionnent leur soutien à la Côte d’Ivoire à un strict respect des règles démocratiques. Le Fonds Monétaire International, la France, les USA et l’Union européenne se sont en effet accordés à faire du » bon déroulement de ces élections locales » une condition sine qua non d’une reprise de leur aide à Yamoussoukro.
Pas d’élections démocratiques, pas d’aide internationale
Tout concorde aujourd’hui à un bon déroulement de ces élections. Pour s’en assurer, les deux ennemis politiques, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se sont rencontrés à Lomé (Togo), le 18 mars dernier, afin de conclure une trêve.
Au total, 611 listes ont été retenues par la Commission Nationale Electorale (CNE) pour un peu moins de six mille postes de conseillers municipaux.
Le RDR qui présente 123 listes espère rafler 80 municipalités. Dans son bastion du Nord, il devra batailler avec les candidats de l’ancien parti unique, le PDCI. Mais Ouattara et ses amis lorgnent également sur plusieurs municipalités de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, ainsi que sur Bouaké, la seconde localité de Côte d’Ivoire.
Le Front Populaire ivoirien (FPI), majoritaire au Parlement, va tenter de consolider son implantation en présentant 116 listes. Mais si celle-ci se confirme, ce sera surtout dans le Sud et l’Ouest.
Enfin, il faudra compter avec le parti du » Vieux « , le PDCI qui, avec 159 listes, tentera d’enrayer sa descente aux enfers commencée avec l’éviction de l’ancien président Bédié par le coup de force du général Gueï. Le PDCI s’attend en effet à perdre de nombreux sièges au profit des formations rivales, mais aussi des dissidents et des indépendants qui, à eux seuls, constituent un tiers des candidats.