Les Ivoiriens continuent de vivre dans l’insécurité un mois après la prise de fonction du président Alassane Ouattara. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ne participent guère à l’amélioration de la situation. Elles ont été accusées hier par l’ONUCI de commettre des crimes dans le pays. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a demandé, jeudi, l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises par les deux camps durant le conflit post-électoral.
Un mois après la prise de fonction officielle du président Alassane Ouattara, l’insécurité continue de miner le pays. Les Forces républicaine de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) sont accusées de participer au climat de terreur. Au moins huit personnes ont été tuées, dans des incidents survenus à Abidjan et dans ses environs ainsi que dans le centre-ouest, par des éléments des FRCI, a dénoncé jeudi Guillaume Ngefa, chef de la Division des droits de l’homme de l’organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). « Au moins 30 autres personnes ont été arbitrairement arrêtées et détenues. Certaines victimes ont été soumises à des actes de torture et de mauvais traitements », a-t-il ajouté. Les Forces pro-Ouattara sont accusées d’actes de représailles notamment envers des partisans du président sortant Laurent Gbagbo. Elles participeraient également à des actes de banditisme dans le pays où nombre d’anciens policiers et gendarmes rechignent à reprendre le travail de crainte de subir les rétorsions des soldats vainqueurs.
Le procureur de la CPI a demandé une enquête
Les FRCI, qui ont permis la victoire de l’actuel président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO) à l’issue d’un bras de fer politique et militaire sur son rival Laurent Gbagbo, vont peut-être devoir répondre de leurs actes durant le conflit. Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a demandé jeudi l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par des éléments des Forces de Défense et de sécurité (FDS, pro-Gbagbo) et les FRCI après l’élection présidentielle du 28 novembre jusqu’au 6 mai. Durant cette période, « au moins 3000 personnes ont été tuées, 72 ont disparu et 520 ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires et plus de 100 cas de viol ont également été rapportés », a indiqué le bureau du procureur. La requête du procureur se fonde sur les rapports de plusieurs organisations non gouvernementales ivoiriennes et internationales qui « fournissent une base raisonnable pour croire que les forces pro-Gbagbo et les forces pro-Ouattara ont commis des crimes relevant de la compétence de la CPI », souligne l’institution judiciaire.
Le chef de l’État Ivoirien avait déjà demandé le 3 mai à la CPI d’enquêter sur « les crimes les plus graves » commis dans son pays pendant la crise. Laurent Gbagbo, actuellement en résidence surveillée à Khorogo (nord de la Côte d’Ivoire) après avoir été capturé le 11 mars à la résidence présidentielle d’Abidjan, risque d’être traduit devant la Cour pénale internationale. Si l’hypothèse s’avère juste, il serait le premier ancien président africain jugé par la juridiction de la Haye.