Gilles Touré est un créateur et styliste ivoirien qui vit et travaille à Abidjan depuis une vingtaine d’années. Alex Zabsonré a réalisé son interview dans la capitale ivoirienne à l’occasion de la récente FashionWeek au cours de laquelle sa collection a fait sensation.
AFRIK.COM : S’il vous plait, présentez-vous à nos lecteurs…
Gilles Touré : Je suis Gilles Touré styliste ivoirien, vivant et travaillant à Abidjan depuis plus d’une vingtaine d’années.
AFRIK.COM : Comment êtes-vous arrivé dans le monde de la mode?
Gilles Touré : Oullllaaa!!! vieille question! Je pense que j’ai toujours aimé la mode, depuis tout petit je m’amusais à faire des croquis, donc c’est quelque chose qui s’est fait le plus naturellement du monde. Comme chaque enfant j’ai fait des études jusqu’au bac ensuite j’ai fait une licence en science Eco et après cela mes parents m’ont envoyé dans une école de style à Paris. Mais je savais depuis toujours que j’allais terminer dans le chiffon, ce n’est pas quelque chose qui m’a surpris, je dirais plus que c’était quelque chose qui m’était prédestiné.
AFRIK.COM : Dîtes-nous quels sont vos idoles, les noms de la mode qui vous inspirent le plus?
Gilles Touré : J’ai beaucoup aime Yves St Laurent au départ pour sa classe et sa finesse. J’ai eu l’occasion de travailler Paco Rabanne parce que j’étais un peu impressionné par toutes ses robes bijoux parce que à l’époque il faisait beaucoup de robes en métal donc c’était plus de la bijouterie que de la couture et j’étais impressionné par ça et je me suis intéressé de près à ce qu’il faisait. J’aime aussi beaucoup Thierry Mugler qui malheureusement ne travaille plus en ce moment, pour la structure de ses vêtements. C’est très très structuré c’est presque de l’architecture et c’est un travail de fou derrière. Au final je dirais Paco Rabanne pour le côté bijoux, St Laurent pour la classe, Mugler pour la structuration du vêtement. Je m’inspire d’eux, j’aime beaucoup ces trois personnes. A un moment j’étais très Christian Lacroix parce je trouvais formidable son côté espagnol, le sud de la France, ces couleurs, ces fleurs et ces froufrou… Qui me faisaient penser beaucoup à l’Afrique mais ça n’a jamais été vraiment une source d’inspiration pour moi.
AFRIK.COM : Qu’est-ce que la mode à apporté à Gilles Toure ?
Gilles Touré : Tout!!! Je dois tout à la mode, ma vie, ma carrière, mon relationnel, absolument tout, je pense que si je suis Gilles Toure aujourd’hui c’est parce que je fais de la mode et je pense que la mode me le rend bien.
AFRIK.COM : Et quelles sont les difficultés que Gilles Toure a rencontrées dans le monde de la mode?
Gilles Touré :Je suis peut être un privilégié, j’avoue ne pas avoir eu beaucoup beaucoup de difficultés. Je suis arrivé très jeune dans la mode et j’ai tout de suite été adopté par tout le monde j’étais un peu le petit poussin comme ils m’appellent d’ailleurs c’est comme ça qu’ils continuent de m’appeler malgré que je sois vieux maintenant (rire).
J’ai toujours été soutenu par les autres : Pathe’o, Miss Zawi, Angie Belle qui m’ont toujours pris pour leur « fils », donc ils mont cadré, ils m’ont guidé, ils m’ont montré un peu les chemins, ils m’ont dit qu’il faut faire très attention. Je n’ai pas rencontré de difficultés au départ en tant que telle. Après, aujourd’hui, les difficultés ce sont les difficultés d’ordre général dans la mode.
C’est le problème de confection, c’est le fait qu’on soit encore à un stade artisanal, alors qu’on a vraiment besoin d’être à un stade industriel, mais ça ce sont vraiment des problèmes macroéconomique… Mais de grosses difficultés personnelles… Non, je ne pense pas en avoir rencontré.
AFRIK.COM : Pouvez-vous plus nous éclairer sur votre concept du Gilshirt?
Gilles Touré : La Gilshirt c’est un gros gros succès, c’est né de l’envie de porter une chemise pour moi-même au départ, que je n’arrivais pas à trouver Il me fallait une chemise qui soit au tout début une chemise très très près du corps, ça ne se portait pas vraiment, les gens portaient assez large, les gens avait peur de porter près du corps par ce qu’on disait que c’était trop ceci trop cela.
Et moi j’avais envie de porter une chemise qui soit à la fois une chemise et un t-shirt c’est à dire qu’il fallait que ça soit très près du corps, mais qu’il fallait aussi que ce soit une chemise et que je sois en même temps à l’aise dedans. Donc il fallait vraiment un mélange de matières et je regardais un peu partout parce que je ne faisais pas des vêtements pour moi-même, je faisais uniquement des vêtements pour femme au départ et je n’arrivais pas à trouver la chemise qui me convenait…
Je me suis amusé en à faire une comme cela pour moi qui est un mélange de t-shirt et de chemise et puis voilà j’ai été très content du résultat. J’ai fait une photo que j’ai publiée et puis tac c’est parti tout le monde a eu envie d’avoir ça et je me suis dit « tiens pourquoi pas? » J’ai développé la ligne et il fallait trouver un nom qui fasse « moi » donc voilà comment est née la Gilshirt. Simplement c’était le grand boom tout le monde l’a adoptée et tant mieux !
AFRIK.COM : Votre mot de la fin Gilles Touré ?
Gilles Touré : mon dernier mot c’est merci à vous de penser à nous pour cette interview, merci à Isabelle Anoh qui nous a encore donné l’occasion de nous exprimer, tous ces créateurs qui sont venus un peu de partout. Comme j’aimais a le dire c’était un peu la coupe d’Afrique de la mode, tout le monde se retrouvait ici.
Et un petit coup comme ça j’ai vu qu’il y a beaucoup de jeunes créateurs qui m’approchent, qui veulent se lancer dans la mode, c’est très bien c’est à dire que aujourd’hui les gens commencent à comprendre que la mode est un vrai métier, le petit conseil que le leur donnerais c’est de ne pas se presser et de surtout se former parce que comme un proverbe le dit « dans la mode c’est un vrai championnat », il ne suffit pas de faire sortir une collection et de partir mais de rester le plus longtemps possible. C’est vraiment « un championnat », il faut vraiment qu’il se forme et il n’y a que la formation qui peut les faire rester le plus longtemps possible dans un univers de la mode qui est de plus en plus difficile et concurrentiel.