Des affrontements sanglants ont lieu depuis lundi entre manifestant pro-Ouattara d’un côté, forces de l’ordre et proches du FPI au pouvoir, de l’autre. Refusant de céder à la pression de la rue, le président Gbagbo n’ a pas voulu casser l’arrêt de la cour suprême qui a invalidé la candidature du leader du RDR pour les élections législatives du 10 décembre prochain. Le président a également décrété l’état d’urgence et le couvre-feu jusqu’au surlendemain.
Les violences en Côte d’Ivoire ont fait au moins trente morts depuis lundi, selon un bilan de la direction générale du Rassemblement des républicains (RDR). Après avoir retiré l’ensemble de ses 221 candidats pour protester contre l’éviction de son leader, Alassane Ouattara, le parti centriste a lancé ses militants dans la rue où les violences se poursuivent, notamment dans les quartiers de Yopougon et d’Abobo à Abidjan.
De nombreuses barricades ont été érigées sur les axes de circulation menant au quartier des affaires, le Plateau.
Le président Gbagbo, dans une déclaration ferme, a décrété hier soir l’état d’urgence et le couvre feu qui, selon nos informations, n’est pas respecté par les militants du RDR toujours en nombre dans la rue.
Arrestations « innombrables »
» Nous sommes passés de l’opposition à la résistance « , nous a déclaré le directeur du siège du RDR à Abidjan, Antoine Bamba, confirmant la rumeur d’arrestation du porte parole du RDR, Ali Coulibaly. Selon la même source, le secrétaire national chargé de l’organisation, M Kafana Koné, M. Jean-Philippe Kaboré, fils de la secrétaire générale, Henriette Diabaté, ainsi que le chauffeur de celle-ci seraient retenus par les forces de sécurité. Le RDR parle d’arrestations » innombrables » dans les rangs des militants qui tiennent le pavé dans les agglomérations ivoiriennes.
» Auparavant, on a fait des concessions en pensant à l’avenir du pays. Ce temps est révolu,. Désormais nous nous battons. Les mots tels que » sécession » ne sont plus tabous « , fait on également savoir au siège du RDR d’Abidjan.
L’affrontement politique en Côte d’Ivoire est depuis plusieurs mois empoisonné par la question de l’ivoirité qui tend à exclure les ressortissants du Nord musulman de l’espace politique. » Lorsque je vivais en France, j’ai manifesté contre Le Pen, parce qu’en tant qu’étranger je me sentais menacé. Ce n’est pas pour accepter, quinze ans plus tard, d’être traité comme un sous citoyen dans mon propre pays « , a lancé amèrement M Bamba.