Le cyber-activiste, Alain Doh Bi, vivant à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, a été arrêté le 14 novembre dernier par des agents de la Direction de la Sécurité du Territoire (DST). Il a été remis en liberté, ce mardi, à la suite de la publication du communiqué de presse de l’association Internet Sans Frontières. Les services de renseignements ivoiriens lui reprochaient d' »atteinte à la Sûreté de l’État ».
Internet Sans Frontières a salué ce mardi la libération du blogueur arrêté. Accusé d' »atteinte à la Sûreté de l’État », Alain Doh Bi, vivant à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, était détenu depuis le 14 novembre dernier par des agents de la Direction de la Sécurité du Territoire (DST). L’étau se resserre sur les pro-Gbagbo. Depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara, la justice ivoirienne fait la chasse aux partisans de l’ancien président. Hormis son fils et son épouse qui sont actuellement détenus dans le pays, ses principaux lieutenants font par ailleurs face à la justice. Dans cette lignée, se trouvent également de nombreux activistes en ligne.
« Alain Doh Bi est l’un deux. Son compte Twitter et Son blog ont cessé d’être actifs le 14 novembre dernier. Son épouse, Gisèle Doh Bi a constaté qu’il n’avait pas regagné son domicile familial depuis cette date. Cette dernière n’est pas autorisée à lui rendre visite à son lieu de détention dans les locaux de la DST ivoirienne situés dans la commune de Cocody à Abidjan », soulignait un communiqué de l’association Internet sans Frontières, avant sa libération.
Qui est Alain Doh Bi ?
Cet ingénieur, diplômé de l’institut national polytechnique de Yamoussoukro, tient un blog personnel et est contributeur d’autres sites web dissidents qui fustigent l’action politique du pouvoir en place en Côte d’Ivoire, notamment en matière de violation des droits de l’Homme.
En ce qui concerne ses sites Internet ivoiriens, ils sont hébergés et administrés à l’étranger, notamment depuis la Suède, « pour plus de sécurité, en raison des requêtes systématiques d’adresses IP de personnes individuelles opérées par le ministère de l’intérieur depuis 8 mois », confie à Internet Sans Frontières un blogueur ivoirien qui préfère garder l’anonymat.
En juin dernier, Alain Doh Bi avait publié sur sa page Facebook une courte tribune qui paraît, aujourd’hui, prémonitoire intitulée : « Halte à l’enlèvement des Facebookers pro-Gbagbo ». A l’époque, le jeune ingénieur dénonçait déjà des tentatives d’enlèvement dont serait l’objet le groupe de partisans de l’ancien président ivoirien sur Facebook.
Si l’on en croit les déclarations de ses proches, les agents secrets ivoiriens sont à la trousse des cyber-activistes pro-Gbagbo depuis longtemps. « Alain Doh Bi avait reçu plusieurs menaces de la part des services de sécurité, il refusait de passer dans la clandestinité en ligne », explique à Internet sans Frontières un ami proche du blogueur enlevé. Alain Doh Bi signait ses articles et en commentait d’autres sous sa vraie identité. Ce qui aurait permis aux services de renseignements ivoiriens de le retrouver.
Une arrestation hors la loi
« L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié sans réserves par la Côte d’Ivoire en 1992 , garantit le droit à la liberté d’expression, y compris la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toutes sortes, quelles que soient les frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou sous la forme d’art, ou par tout autre moyen. »
L’arrestation était inédit en Côte d’Ivoire. C’est, en effet, la première fois qu’un gouvernement procède à la détention arbitraire d’un civil, pour ses opinions ou son activité en ligne. A la suite de la pression mise par Internet Sans Frontières Alain Doh Bi a été finalement libéré quelques heures seulement après la publication du communiqué de l’association.