Le 8e congrès extraordinaire du PDCI-RDA, prévu pour ce samedi, n’aura finalement pas lieu. Il faudra alors attendre encore un moment avant de connaître le successeur de Henri Konan Bédié. C’est la décision prise par la justice ivoirienne, vendredi soir. Ceci, à la suite d’une plainte déposée par certains militants du parti.
Le PDCI-RDA avait prévu, de longue date, la tenue de son 8e congrès, ce samedi 16 décembre 2023. Un congrès qui devait permettre d’élire le successeur du Sphinx de Daoukro, le président Henri Konan Bédié décédé en août. Mais, au sein du parti, tout ne se passe pas de façon linéaire. Des tiraillements quant à la question de la succession ont conduit des militants à saisir la justice aux fins d’empêcher la tenue du congrès. Les raisons évoquées sont entre autres l’opacité dans l’organisation du congrès. C’est ainsi que dans la soirée du vendredi, soit à la veille de l’événement, le Tribunal de grande instance d’Abidjan a pris une ordonnance en référé qui suspend le congrès. La notification parvient au président par intérim du parti, le professeur Alphonse Cowppli-Boni, vers 21h30 heure locale.
L’éviction de Maurice Kakou Guikahué en question
Depuis la disparition de l’inamovible président du PDCI-RDA, la question de sa succession agite le parti. Dans le starting-block, il y avait des cadres comme le secrétaire exécutif du parti, Jean-Louis Billon, Maurice Kakou Guikahué, Noël Akossi Bendjo, Jean-Marc Yacé, Tidjane Thiam. À l’issue des tractations, deux noms s’imposent. Il s’agit de Jean-Marc Yacé et de Tidjane Thiam. Entretemps, le collège de sélection des candidatures a rejeté le dossier de Maurice Kakou Guikahué au motif qu’il est sous contrôle judiciaire. Cette décision n’a pas été du goût de l’ancien ministre de la Santé qui a dû se retirer du processus. Non sans exprimer son amertume.
Dans une déclaration, il a fustigé son exclusion. Pour lui, la décision du collège de sélection des candidatures est « arbitraire et non fondée au regard » des statuts du parti. Ceci d’autant plus qu’il n’était pas « sous contrôle judiciaire pour des faits de droit commun ». Et de poursuivre : « Le comité électoral du PDCI-RDA m’a sanctionné pour mon engagement et mon zèle à la cause du PDCI-RDA ». En effet, le numéro 2 du PDCI-RDA avait été incarcéré pour sa responsabilité présumée dans les violentes manifestations qui ont eu lieu en Côte d’Ivoire, à l’occasion de la Présidentielle d’octobre 2020 qui a consacré le troisième mandat d’Alassane Ouattara. Libéré par la suite, il a été placé sous contrôle judiciaire. Cette mesure, qui avait entraîné l’éviction de Maurice Kakou Guikahué de la course à la présidence du PDCI-RDA, a été toutefois levée, le 7 décembre, et concernait également d’autres personnalités comme Pascal Affi N’Guessan.
Bien que le verrou judiciaire soit sauté, le secrétaire exécutif n’est pas réintégré sur la liste des candidats. Pour certains militants du parti, cette éviction est injuste et injustifiée. Ils estiment qu’on veut ouvrir un boulevard à Tidjane Thiam qui, estiment-ils, après 22 ans d’absence de la Côte d’Ivoire, ne remplit pas toutes les conditions pour hériter de la présidence du plus vieux parti du pays. Ses détracteurs relèvent qu’il ne respecte pas la condition de présence au bureau politique du parti pendant au moins dix ans.
Le camp de Maurice Kakou Guikahué nie toute implication dans la plainte
Quand la décision de justice est tombée, très vite les regards se sont tournés vers le camp Guikahué accusé d’avoir été à la base de la plainte. Ce qui a suscité leur sortie médiatique, ce samedi. C’est Isac Adi, directeur de campagne du secrétaire exécutif qui a signé le communiqué publié en réaction aux accusations. Selon lui, son candidat « n’est ni de près ni de loin impliqué dans cette situation ».
Et de préciser : « Au moment où le professeur Maurice Kakou Guikahué (…) s’apprêtait à se rendre, avec sa délégation, au Sofitel Hôtel Ivoire afin de prendre part au 8e congrès extraordinaire du PDCI-RDA, il a été informé par son équipe de protocole sur place, de la suspension dudit congrès, et ce en exécution d’une décision de justice. Face à cette situation, des personnes ont vite fait d’attribuer cet état de fait au professeur Maurice Kakou Guikahué. Le directeur de campagne du professeur Maurice Kakou Guikahué marque sa surprise, son indignation et dément formellement ces allégations ».
Le communiqué rappelle, par ailleurs, que le secrétaire exécutif du PDCI-RDA reste droit dans ses bottes. Lui qui, réagissant au rejet de sa candidature à la présidence du parti, a rappelé, le 11 décembre, qu’il ne portera pas plainte contre le PDCI-RDA. Une position confirmée par son conseiller juridique, deux jours plus tard.
Tidjane Thiam lance un appel aux militants
Face au constat de la suspension du congrès, le cabinet du candidat favori, Tidjane Thiam, a publié un communiqué de presse dont voici la substance : « Il nous revient que le Congrès extraordinaire du PDCI, prévu pour ce samedi 16 décembre, aurait été suspendu par une décision de justice. Il nous revient également que des forces de police seraient en position aux alentours du Sofitel Hôtel Ivoire. Pour éviter tout risque, nous conseillons aux militants et sympathisants du PDCI d’attendre dans le calme les instructions de la direction du parti en s’abstenant de tout déplacement vers le site prévu pour le congrès ».
La proximité de la Présidentielle de 2025 n’est pas étrangère à la situation qui prévaut au PDCI-RDA où le président désigné a toutes les chances de porter le flambeau du parti, lors de ces joutes électorales.