Laurent Gbagbo pourrait bien se présenter à l’élection présidentielle dans son pays en 2025. Si l’ancien chef d’État n’a pas eu une position tranchée sur la question, il ressort tout de même de ces derniers propos qu’il faudra peut-être compter avec lui.
Dans une interview accordée à France 24, ce mardi, l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo, est revenu sur plusieurs sujets relatifs à l’actualité politique en Côte d’Ivoire, sur son nouveau parti.
De la nécessité de créer un nouveau parti
À la question de savoir si la création du nouveau parti constitue une déchirure ou un acte important pour tourner la page, le président du PPA – CI répond : «C’est toujours une déchirure quand on est obligé de recommencer. Mais, il le fallait parce que à mon retour, je ne reconnais plus le parti que nous avions créé depuis longtemps, depuis 1982. Il fallait reprendre les mêmes idées, la même force, la même dynamique pour l’injecter dans un nouveau parti. Et c’est ce que nous avons fait».
Du besoin de dépasser les micro-États
De même, l’ancien Président est revenu à fond sur la question de l’unité africaine qui lui tient particulièrement à cœur, lui qui reprend les idées du précurseur Kwame Nkrumah, sans revendiquer d’être un héritier de l’Osagyefo : «Je donne toujours l’exemple des États-Unis. Au moment où les États-Unis se libéraient du joug colonial, ce qu’on appelait la guerre de libération, ils étaient treize au départ, treize États, mais ensemble. Treize États aujourd’hui, ça fait la CEDEAO pratiquement. Mais, ils ont continué à s’agrandir et ils sont aujourd’hui plus de cinquante États dans un seul pays. Et ils sont puissants».
Et de poursuivre : «Regardez tous les pays qui sont puissants dans le monde. Ce ne sont pas des micro-États comme nous les avons en Afrique. Donc il arrive un moment comme Nkrumah avait été le précurseur en écrivant l’Afrique doit s’unir… Et c’est maintenant que j’ai observé qu’il avait fait ses études aux États-Unis, et qu’il avait étudié l’histoire américaine. Donc, il est temps que les Africains commencent à s’unir véritablement au lieu de juxtaposer les micro-États».
Au sujet de la position de Simone Gbagbo
Sur la question de savoir si le divorce politique est consommé avec Simone Gbagbo ou s’il y a un espoir qu’elle rejoigne la dynamique, l’ancien Président a répondu : «Posez-lui la question. Moi, je vais, j’avance, je vais devant. Un parti, c’est ainsi fait ; appartient au parti celui qui y adhère…».
Selon la presse ivoirienne, Laurent Gbagbo aurait fait de tout son possible pour que celle qui est toujours son épouse soit présente au congrès constitutif du nouveau parti. Dans ce sens, il aurait dépêché auprès d’elle des émissaires qui n’ont pas réussi à faire changer d’avis à l’ancienne Première dame, qui leur aurait opposé l’impossibilité du report de son voyage en RDC.
Laurent Gbagbo récuse le verdict des 20 ans de prison prononcé contre lui
Sur la question de sa condamnation à 20 ans d’emprisonnement en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo dit ne pas attendre d’amnistie de la part du Président Ouattara : «Moi, je n’attends rien de personne (…) Je n’espère rien. Je n’ai jamais braqué aucune une banque. Ici, la BCEAO a été braquée, mais on connaît les braqueurs (…) La BCEAO Man, la BCEAO Bouaké, la BCEAO Korhogo ont été braquées par les rebelles. On le sait, et puis c’est Gbagbo qu’on condamne à 20 ans. Moi, je ris et je dis que c’est une mauvaise plaisanterie, une plaisanterie de mauvais goût (…)»
Dans tous les cas, l’ancien Président n’a pas peur de la prison ou de la privation de liberté dont il est, à l’en croire un habitué. Mais, il persiste et signe : «On ne va pas me faire admettre ce qui est inadmissible».
Laurent Gbagbo s’oppose farouchement à la limitation de l’âge des présidentiables
Sur la potentielle limitation de l’âge des présidentiables à 75 ans, l’ancien Président est ferme : «Je suis contre (…) Je trouve que c’est ringard. Dans un pays civilisé où on est bien élevé, on n’élimine pas les candidats à cause de leur âge. Joe Biden est plus vieux que moi (…)».
Dans cette même veine, l’ancien chef d’État clarifie ses propos du dimanche dernier au, sujet de son départ ou non de la tête du parti et de ses rapports avec la politique : «Faire la politique, ce n’est pas être président du PPA», a indiqué Gbgabo.
«Je fais la politique en étant à la tête du parti, mais je peux faire la politique sans être à la tête du parti. Moi, je n’ai jamais été militant de base. Depuis 1982, j’ai toujours été le leader (…) Il arrive un moment où on est fatigué de prendre sur soi toutes les charges de direction. Donc je souhaite me désengager, dans un avenir que je ne peux pas définir ici, me désengager de la tête du parti, en confiant la direction du parti à quelqu’un d’autre. Mais, ça ne veut pas dire que je quitte la politique», précise l’ancien Président ivoirien.
Sur sa candidature ou non en 2025, Laurent Gbagbo n’exclut aucune éventualité. «Si les circonstances sont telles que nous avons des chances de gagner sans moi, on va accompagner celui [qui aura été désigné]. Mais si les circonstances sont telles qu’on a des chances de gagner avec moi, je n’exclus rien», précises-t-il.
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