L’audience de l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo, se termine ce jeudi 10 octobre. Il se tient à huis clos, à la Haye. La requête faite par le procureur a mentionné la demande de libération des proches de l’ex-Président et de Gbagbo lui-même.
C’est devenu plus qu’une probabilité. A l’issue de l’audience à huis clos tenue ce mercredi 9 octobre à La Haye par la Cour pénale internationale, les proches et Laurent Gbagbo en personne devraient retrouver la liberté. Une décision lourde pour la CPI, prise dans une tourmente de contestations. L’institution est accusée par les pays africains de mener des procès que pour des dirigeants et les pays d’Afrique.
Gbagbo absent de l’audience
Alors que la CPI avait souhaité sa participation à l’audience, Laurent Gbagbo n’a pas daigné s’y rendre, sans donner d’explication. Ses sympathisants et la juge présidente de la chambre préliminaire, Silvia Fernandès de Gurmendi, ont dû constater l’absence de l’ancien Président dans le box des accusés. « La chambre constate l’absence de monsieur Gbagbo, alors qu’elle avait souhaité sa présence à cette audience », a regretté la juge. C’est donc sans Gbagbo que l’audience s’est poursuivie, avec à la clef la libération conditionnelle ou de son maintien en détention. « La chambre préliminaire réexamine périodiquement sa décision de mise en liberté ou de maintien en détention. Elle peut le faire à tout moment à la demande du procureur ou de l’intéressé. Elle peut alors modifier sa décision concernant la détention, la mise en liberté ou les conditions de celle-ci si elle est convaincue que l’évolution des circonstances le justifie », stipule l’article 60(3) du Statut de Rome.
Vers une liberté conditionnelle
Pendant deux heures d’audience, procureur, défense et représentants légaux des victimes ont déroulé leurs plaidoiries sur d’éventuelles évolutions de la situation par rapport à l’audience du 11 juillet dernier. « Y-a-t-il eu des faits nouveaux et si oui, quels en sont leurs impacts sur cette dernière décision de maintien en détention de M. Gbagbo », s’est interrogé le substitut de Fatou Bensouda (avocate à la CPI), Mc Donald, avant d’informer à la cour sur ce qu’il croit être des faits nouveaux. Le couple Gbagbo disposerait de deux comptes bancaires. « L’accusation ne sait pas si ces comptes sont gelés malgré notre demande auprès des nouvelles autorités de les geler (…) Curieusement ces comptes qui contenaient d’importantes sommes d’argent depuis 2003 ont été remis à zéro en 2009 (…) » Poursuivant son réquisitoire au retour du huis clos, le procureur a fait la mention sur la libération des proches de Gbagbo. « La chambre ne doit pas décider de libérer M. Gbagbo sous prétexte politique, mais plutôt juridique. Elle ne doit pas être influencée par les discours politiques (…) Ce n’est pas parce que des proches de Gbogbo sont libérés que M. Gbagbo doit recouvrer lui aussi la liberté ».
La CPI contre Gbagbo ?
Alors que le procureur a suggéré le maintien de l’accusé en détention, l’avocat français de Gbagbo, Me Emmanuel Altit, a mis en garde la cour pénale de ne pas prendre une position politique. Pour la Défense de Gbagbo, il est inconcevable que l’ancien Président soit maintenu en prison alors que ses proches accusés pour les mêmes faits survenus au cours de la crise post-électorale soient libérés.
Quant au bureau des représentants légaux des victimes, la libération conditionnelle serait un méfait pour la situation sécuritaire du pays, surtout dans « les quartiers où résident les victimes ».
Dans moins d’une semaine, la Cour devrait prendre sa décision sur la détention prolongée ou la liberté de Laurent Gbagbo.