Arrestations, perquisitions et déclarations fracassantes se multiplient au sommet du microcosme politique ivoirien. Un climat qui tend à confirmer les » rumeurs » d’une imminente guerre civile.
» Y’a gban ! gban ! » (ça chauffe) en Côte d’Ivoire. L’expression nouchie (argot ivoirien) a été sans doute répétée maintes fois dans les rues d’Abidjan, même si selon un contact sur place, la population ivoirienne vaque à des occupations le plus tranquillement du monde. Quelques quatre jours après l’attaque de la résidence du » général-président « , Robert Gueï qui a fait au moins deux morts, le ton est monté entre le chef de la junte candidat aux élections présidentielles du 22 octobre et son principal rival, Alassane Ouattara.
Accusé implicitement d’être à l’origine du coup de force, le leader du Rassemblement des républicains a réitéré ses déclarations sur la nature » dictatoriale » du régime en place. Et décidé de porter plainte contre le général Gueï, pour » diffamation, calomnie et falsification de documents « .
Ouattara a donc décidé de contre-attaquer après les diverses déclarations des plus martiales de son rival à la présidentielle. Celui-ci a affirmé vouloir passer de la plume à l’ » épée « , ou » régler le problème de façon militaire » contre ceux qui » développent des mentalités d’assiégés « . » ADO » a répliqué par une mise en garde, avertissant qu’il ne pourrait » tenir ses militants » qui souhaiteraient en découdre.
Le numéro 2 de la junte sur la sellette
Pour incriminer Ouattara dans cette tentative de putsch, les adversaires de l’ancien Premier ministre désignent son ancien garde du corps, le sergent chef Ibrahim Coulibaly, arrêté avec une vingtaine de membres de la garde présidentielle. Alassane Ouattara, fidèle à la ligne » légaliste » de son parti, a reconnu ses liens avec le militaire factieux. Mais il a démenti énergiquement être le commanditaire de l’attaque.
La gendarmerie ivoirienne aurait également, selon l’Agence France presse (AFP) perquisitionné au domicile du numéro 2 de la junte, le général Lassana Palenfo, présent à Sydney en tant que président du comité olympique de son pays. Les enquêteurs le présentent comme un proche de M Ouattara.
Autre » suspect » de la junte au pouvoir, le chanteur de reggae, Alpha Blondy. Furieux après que des militaires » armés jusqu’aux dents » aient fouillé son domicile de fond en comble, l’artiste s’est emporté contre les dirigeants de son pays qui pousseraient à » un suicide collectif « . Alpha Blondy s’est dit prêt à » porter plainte contre le général Gueï, si c’est lui qui les (les militaires) a envoyés « . » Je dis, le général, pas le président… On ne peut imposer au peuple ivoirien un président par les armes », a ajouté la star.