Le panel des chefs d’Etat africains tient ce mercredi une réunion, au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, pour tenter de trouver enfin une solution à la crise ivoirienne. La situation dans le pays de dégrade. Quatre personnes ont été tuées par balles mardi en marge d’une marche de femmes pro-Ouattara dans le quartier de Treichville, à Abidjan.
La Côte d’Ivoire sortira-t-elle de l’impasse ? Le panel des chefs d’Etat africains[[Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Blaise Compaore (Burkina Faso), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Paul Kagame (Rwanda).]], qui a pour mission de trouver une solution à la crise ivoirienne, se réunit ce mercredi à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Il remettra ses conclusions lors d’une nouvelle réunion jeudi au Conseil de paix et de sécurité. Si Alassane Ouattara a accepté d’y participer, ce n’est pas le cas de Laurent Gbagbo le président sortant qui a décliné l’invitation et a chargé le chef de son parti, Pascal Affi N’guessan, de le représenter.
Le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gabagbo, Alcide Djédjé, qui sera aussi présent à Addis Abeba, a affirmé ce mercredi que le président sortant dispose du soutien de 7 pays africains dans le conflit qui l’oppose à son rival. Il s’agirait de l’Angola, l’Ouganda, l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo, la Gambie, la Guinée équatoriale, et le Ghana.
Le bras de fer économique entre les deux présidents rivaux se poursuit. Laurent Gbabgo a été accusé de « vol » par les Etats-Unis après sa décision hier de reprendre le contrôle des achats et exportations de la filière du cacao. « Ses plans pour nationaliser le secteur du cacao en Cote d’ivoire reviennent à du vol », a déclaré Philip Crowley, le porte parole du département d’état américain. Il a qualifié cette initiative de « nouvel acte désespéré dans sa campagne pour s’accrocher au pouvoir », et a assuré que « les principaux importateurs américains continueraient de respecter » l’embargo sur les exportations de cacao décrété par Alassane Ouattara.
La France a aussi affiché son mécontentement. « C’est une spoliation d’opérateurs privés, qui va approfondir davantage la crise économique dans laquelle Laurent Gbagbo, qui a déjà attaqué la banque centrale, a plongé le pays », a dénoncé ce mercredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro.
4 morts à Abidjan
Pendant ce temps, les actes de violences s’accumulent à Abidjan. Trois hommes et une jeune femme ont été tués par balles mardi dans le quartier de Treichville, qui abrite la garde républicaine, lors de heurts qui ont suivi une manifestation pacifique de femmes en faveur d’Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale. « Ils ont reçu des balles. Deux sont arrivés déjà morts à la clinique après des blessures », a indiqué une source médicale sous couvert de l’anonymat. « La jeune femme se trouvait devant la cour familiale, une balle l’a atteinte en pleine poitrine », a affirmé un parent de la victime.
Les affrontements entre jeunes et policiers ont débuté à la fin de la manifestation à l’occasion de la journée internationale de la femme, notamment pour dénoncer la mort des sept femmes pro-Ouattara tuées par balles le 3 mars dans le quartier d’Abobo. Les forces de l’ordre qui ont reçu le renfort de cars de polices ont répliqué par des tirs nourris en l’air provoquant la fuite de nombreux habitants paniqués vers le pont menant au quartier des affaires du plateau.
450 000 personnes déplacées
La situation s’est particulièrement détériorée ces deux dernières semaines à Abidjan et dans l’ouest du pays. Selon les Nations Unies (l’ONU), 379 personnes auraient péri dans des violences depuis le 28 novembre et 50 la semaine dernière. Près de 300 000 personnes auraient fui Abidjan en raison des combats dans le quartier d’Abobo entre pro-Gbagbo et pro- Ouattara, et 70 000 dans l’ouest du pays, a précisé le Haut-commissariat (HCR) des Nations unies pour les réfugiés.
Les agences humanitaires estiment en tout à 450 000 le nombre de personnes déplacées et réfugiées en raison de la montée de l’insécurité. Selon Adrian Edward, un membre du HCR, des besoins en aide humanitaire sont de plus en plus pressants, d’autant plus que des rumeurs sur l’arrivée dans le pays de mercenaires libériens alimentent les craintes de la population. « Cet afflux soudain pèse lourdement sur les communautés locales et sur les capacités de réponse des organisations humanitaire », a-t-il souligné. Il a notamment évoqué le manque d’eau et les conditions sanitaires déplorables à Buutuo Town, capitale du comté de Nimba, dans l’est libérien, où des cas de paludisme et de diarrhée ont été signalés.
Le phénomène a pris des « proportions alarmantes », a déclaré Jemini Pandya, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), lors d’un point de presse à Genève mardi. L’organisation, qui est actuellement la seule présente dans l’ouest, a retiré hier son personnel des localités de Douékoué et Guiglo en raison de l’insécurité.
La sortie de crise paraît lointaine…