Les différentes condamnations prononcées à l’encontre des partisans et proches de Laurent Gbagbo ne vont pas dans le sens de la réconciliation selon l’opposition ivoirienne qui a appelé, cette semaine, à de vastes mobilisations populaires contre le pouvoir.
Les tensions engendrées en Côte d’Ivoire par près de 10 ans de guerre civile ne s’effacent pas en quatre ans. Tel pourrait être l’enseignement à tirer à l’issue de la condamnation à de lourdes peines de dizaines de partisans et proches de l’ex-Président Laurent Gbagbo, mardi 10 mars dernier. L’opposition divisée a critiqué un procès « politique » qui complique le processus de réconciliation nationale.
Un procès « politique »
Alors que le parti au pouvoir d’Alassane Ouattara, le RDR (Rassemblement des Républicains), a salué le verdict qui « rend justice aux victimes de la crise post-électorale », l’opposition ne décolère pas contre ce jugement. « Ces condamnations portent un coup sévère à la réconciliation nationale. (…) Tous les Ivoiriens attendaient ce procès comme l’amorce véritable de la réconciliation », avait indiqué le vice-président de l’Alliance des forces démocratiques (AFD, coalition d’opposition dont le FPI), Daniel Aka Ahizi, selon Xinhua.
La lourdeur des condamnations, la « faiblesse déconcertante des témoignages » et « une absence sidérante de preuves contre les accusés » dénoncés par l’opposition alimentent la colère. L’ex-Première dame Simone Gbagbo a notamment écopé de 20 ans de prison, entraînant un pourvoi en cassation de la défense et même de l’accusation. Le fils de Laurent Gbagbo, Michel, a lui été condamné à cinq ans de prison tandis que le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, a écopé de 18 mois de prison avec sursis.
Désunion du FPI
Les écarts de sévérité de ces condamnations alimentent la crise ouverte au sein du principal parti d’opposition de Côte d’Ivoire, le FPI, entre partisans et adversaires de son président. Récemment destitué au cours d’un comité central extraordinaire jugé « illégal » par Pascal Affi N’Guessan, ses adversaires lui reprochent sa conduite du parti et sa proximité avec le pouvoir en place.
Ces dissensions pourraient atténuer la portée des critiques de l’opposition à l’égard d’un jugement censé refermer la page de la guerre civile ivoirienne, débutée en 2002, et tuer dans l’œuf une vague de mécontentement que veut soulever une frange du FPI. L’« illégitime » président intérimaire du FPI, Aboudrahamane Sangaré, nommé par la réunion des frondeurs du parti en remplacement de Pascal Affi N’Guessan, a appelé, cette semaine, à de vastes mobilisations populaires contre le pouvoir.