Côte d’Ivoire : la hausse historique du prix du cacao fait réagir


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La Côte d’Ivoire annonce une hausse historique du prix du cacao à 1 800 francs CFA par kilo, mais les producteurs restent partagés sur cette décision.

Depuis le 30 septembre 2024, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a annoncé une hausse record du prix d’achat de ses fèves. Fixé à 1 800 francs CFA par kilo, ce montant représente une augmentation de 20 % par rapport à la dernière récolte. Cependant, malgré cette hausse inédite, les producteurs de cacao restent divisés, certains estimant que ce nouveau prix ne suffit pas à couvrir leurs besoins croissants face aux défis actuels.

Un prix record dans un contexte de flambée mondiale des cours

Les cours mondiaux du cacao n’ont cessé de grimper au cours de l’année 2024, atteignant des niveaux historiques. À New York, ils ont dépassé la barre des 10 000 dollars la tonne, tandis qu’à Londres, le prix a enregistré une augmentation impressionnante de 170 % sur un an. C’est dans ce contexte de flambée que le gouvernement ivoirien a fixé le prix bord champ à 1 800 francs CFA par kilo pour la nouvelle campagne de commercialisation. Cette décision, prise en étroite collaboration avec le Ghana, vise à protéger les intérêts des producteurs et à stabiliser le marché.

Si l’annonce du gouvernement a été perçue comme une victoire par certains, elle n’a pas fait l’unanimité parmi les producteurs. Koffi Kanga, président de l’Association des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (Anaproci), exprime la déception de ses membres : « Nous espérions une augmentation plus conséquente, notamment en raison de la flambée des cours mondiaux. Ce prix de 1 800 francs CFA ne reflète pas la réalité du marché. » Les producteurs, qui espéraient un prix plus proche des 2 000 francs CFA, doivent faire face à d’autres défis majeurs, tels que le vieillissement des plantations et la propagation de maladies comme le « swollen shoot. »

Un impact direct sur l’économie ivoirienne

Le cacao représente environ 45 % de la production mondiale et 14 % du PIB de la Côte d’Ivoire. Plus de 5 millions de personnes vivent directement ou indirectement de cette culture, et près d’un million de planteurs bénéficieront prochainement de la couverture maladie universelle (CMU), financée par le Conseil café-cacao. Le gouvernement espère que cette mesure permettra d’alléger une partie des difficultés rencontrées par les producteurs, notamment en termes de santé et de protection sociale.

Malgré les initiatives gouvernementales pour soutenir la filière cacaoyère, de nombreux producteurs expriment une satisfaction mitigée. Certains estiment que les conditions de travail et les infrastructures, telles que les routes pour acheminer les fèves, nécessitent encore des améliorations considérables. « Ce n’est pas qu’une question de prix, c’est aussi une question de conditions de travail », a souligné Thibeaut Yoro, porte-parole de la centrale syndicale agricole. Les attentes sont donc élevées pour que cette hausse du prix s’accompagne de réformes structurelles, garantissant un avenir plus stable pour la production de cacao en Côte d’Ivoire.

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